On a avait l'habitude de voir Poelvoorde endossant les rôles du mec qui plombe l'ambiance jusqu'à la rendre irrespirable.
Là où ce film se distingue à mes yeux des quelques autres du type avec Mr Manhattan c'est que tout le monde s'est mis au niveau dans cette merveille de gêne généralisée.
Ce film est un opéra lyrique d'une classe bien particulière de la société (ceux qui ne rêvent pas trop grand parce que la vie est avant tout un pugilat) composé de dialogues aux considérations plus pathétiques les unes que les autres, tenues par des gens qui n'ont rien dans la vie, rien (vie privée amputée par leurs déplacements, désires courants amputés par leur travail, et opinions personnelles amputés par la trop grande promiscuité avec les collègues de travail...) et qui semblent trainer le calvaire de leur pathétique existence en attendant la minable petite retraite qu'il passeront (dans un village pour lequel ils ne ressentiront jamais rien) en savourant simplement l'idée que leur vie est moins médiocre que celle du voisin - ce dernier n'ayant pas sur son barbecue la petite grille de côté pour mettre la viande une fois cuite.
Une grande victoire pour une grande vie.
Un ramassis de petites gens à la misérable existence et aux petits souhaits qui ont toujours été plus ou moins éteints, qui arrivent à supporter leur condition en profitant des plaisirs de chaque instant, l'un après l'autre, jusqu'on ne sait bien où.
Des plaisirs à la hauteur de leurs ambitions. Minables.
Une tragédie magnifique.
Une merveille, qui peut cependant rendre un brun mélancolique pour qui a déjà eu ce sentiment de médiocrité, pour soi ou pour d'autres.