Des quatre sketches de ce film qui se veut une comédie satirique, c’est surtout celui de Dino Risi, véritable réalisateur de comédie, et cinéaste à la meilleure filmographie, qui se détache – véritable petite perle cinématographique. Cependant tous jouissent d’une véritable écriture et surtout d’une mise en scène recherchée – aspect esthétique très fréquent dans le cinéma italien de l’époque.
L’unité de ces quatre sketches est garantie par un thème commun : la névrose des femmes. Qu'elles soient maladivement collée au téléphone, n’arrivant pas à couper le cordon ombilical avec sa mamma omniprésente (s’invitant même, indirectement, dans le lit conjugal), ou maritalement désespérée au point de vouloir tuer son époux (au lieu de tout simplement le tromper), ou encore en quête absurde de l’homme idéal dans le seul de procréer, ou enfin brûlant de désir (en raison d’un mari n’accomplissant pas son devoir conjugal) et ne sachant comment le communiquer pour le satisfaire, toutes ces femmes partagent une pathologie devenant sous la caméra des réalisateurs source de comique.
Cependant, de tous ces réalisateurs, Dino Risi est celui le plus habitué au genre de la comédie, si bien que c’est son sketch qui suscite le plus le rire – et de loin. Avec un Nino Manfredi remarquable, auteur d’une prestation impressionnante étant donné qu’il n’a presque pas recours à la parole (sa femme étant principalement celle qui parle), réussissant toutefois à s’exprimer avec son regard, sa gestuelle et toute une série d’expressions hilarantes, La Telefonata est un petit bijou à voir et à revoir. Le jeu terriblement affolant et sensuel de Virna Lisi, la photographie des corps, la musique, les dialogues, le travail sur le son off, matérialisant la dialectique absence / présence (la mère, la voisine, la femme) et les silences signent la qualité d’une mise en scène géniale.
Il semble que l’ordre d’apparition des sketches les classe, justement, du meilleur au pire – le premier étant celui de Risi. Le deuxième, La Minestra, signé Rosi, cinéaste plutôt dramatique, est une cruelle histoire d’une femme insatisfaite, mal mariée, ne réussissant pas à occire son mari malgré maintes tentatives– ce qui devient tristement drôle. Il Trattato di Eugenetica réalisé par Comencini monte en dérision les abus d’une société cherchant la perfection au profit de l’humain, même lorsqu’il s’agit d’amour. Enfin le dernier, dont l’auteur est Bolognini, met en scène une femme (une Gina Lollobrigida charmeuse mais excessive) dont le mari est religieusement obsédé par son travail, au point de ne plus l’honorer, celle-ci se livrant alors à des simagrées extravagantes au message impénétrable pour les non-initiés dans le but qu’un beau jeune homme daigne la regarder et satisfaire ses lubies.
Malgré le résultat assez inégal, Le bambole est une comédie italienne réussie et globalement plaisante.
7,5/10