Les Prédateurs est le récit d’un riche couple de vampire, qui passe son temps entre sortie nocturne sanglante et oisiveté lancinante. John va vieillir de façon fulgurante et dès lors, Miriam se retrouve seule et cherche un nouvel ami pour ce long voyage immortel et jette son dévolu sur une chercheuse médicale. Tony Scott s’appuie sur le charisme de ses acteurs, dont la star planétaire David Bowie dont l’aura musicale s’accorde parfaitement avec le film. Mais c’est surtout l’hypnotisante et magnifique Catherine Deneuve dont il est question, qui happe l’écran à chaque fois qu’elle y apparait, touchant son paroxysme dans cette scène centrale, suave et sensuelle entre elle et Susan Sarandon. Les Prédateurs est un film au style baroque à l’image de ce grand appartement aux allures antiques, lieu de oisiveté, de douceur sanglante où déambulent les ombres immortelles d’une communauté reclus sur elle-même. Dans cet appartement, tout est confiné, tout est calme, avec ces grands rideaux qui flottent tels de grandes voiles, ce piano qui sonnent comme le chant du cygne, cette inondation de richesse transfigurent l’imagerie de ce petit couple au spleen phosphorescent et voit le film s’approprier une sorte d’aura presque crépusculaire. Il y a un coté Brian de Palma dans l'esthétisme érotico kitsch de Tony Scott comme le montre cette scène de la douche faisant rappeler Pulsions. Le rythme est lent, peu de dialogues s’incorporent dans cette œuvre suresthétisée aux couleurs fluorescentes. Sensoriel, expérimental, Tony Scott montre sur l’un de ses premiers films, son sens de l’image, reposant sur des effets de style clippesques imaginatifs quoi qu’un peu ringard quand on y regarde de plus près. S’ouvrant sur le son de Bela Lugosi's Dead, cette introduction gothique au montage impressionnant de précision et aux incursions d’images subliminales, où l’on suit ces deux vampires sortant d’une sorte de boite de nuit underground, et ramenant chez eux deux êtres humains pour s’en nourrir grâce à une dague égyptienne, est le point d’orgue des Prédateurs. Tony insère une petite intrigue policière presque sans intérêt préférant par la suite, se pencher plus longuement sur la relation naissante entre Deneuve et Sarando, le vampire et sa « progéniture », qui scelle un lien indissoluble mais pas forcément souhaité du coté de cette femme qui voit une hôte en elle. Cette histoire du temps qui passe, qui laisse des traces indélébiles, est inscrite de façon esthétique mais effleuré de façon narrative, où la psychologie des personnages nous est représentée de façon sibylline. Avec ces regards dans le vide, cette effusion de sang luxuriante, Les Prédateurs est un long métrage « new wave », un récit à la tristesse fine et élégante où Tony Scott se réapproprie le mythe du vampire dans un long métrage qui s’apparente plus à un long clip fantasmagorique s’intéressant beaucoup à son style graphique avec ses tics kitchs et ses digressions visuelles aux contours sensoriels un peu étouffant, tout en délaissant un peu une histoire qui a parfois du mal à décoller et à éveiller les sens aigus de ses protagonistes.