Les Profs reste sans nul doute l’un des plus gros succès au box-office français de cette année 2013. Il faut bien le dire, pour cette adaptation de la BD d’Erroc (scénariste) et Pica (dessinateur), Pierre-François Martin-Laval surfe sur la mode du moment (du passage des vignettes à bulles sur grand écran, après Astérix, Lucky Luke, Tintin et Boule & Bill) et réunit un casting de comédie (Christian Clavier, Isabelle Nanty, Kev’Adams et lui-même) pour assurer la réussite de son film. Du point de vue commercial, c’est fait ! Et du côté de la qualité ?
Pour ceux qui ne connaitraient pas la bande dessinée, Les Profs raconte, sous la forme de plusieurs « sketchs », les déboires de professeurs du même lycée, parfaite caricature des fonctionnaires qui ne pensent qu’à leur bien-être, leurs manifs, leurs jours de repos, à ne pas réellement travailler… Pour le film, c’est différent. Et pour cause, si ce dernier semble suivre la structure en sketchs de l’œuvre d’origine, il préfère s’éloigner de la caricature de l’enseignement pour proposer une brochette de personnages hauts en couleur (un feignant, une hystérique, un rêveur, une allumeuse malgré elle, un kéké balourd, un chimiste maladroit et un philosophe incompréhensible) et s’amuser grandement sur les caractères/défauts de ces drôles de protagonistes. Cela en fera hurler quelques inconditionnels de la BD, qui auront bien du mal à reconnaître certains des personnages (comme Cutiro surnommé Tirocu). Mais quelque part, Les Profs s’annonçait comme une version moderne des Sous-Doués, avec une histoire identique (des enseignants usant de tous les moyens possibles afin de faire obtenir le bac à leurs élèves) mais cette fois-ci du point de vue des professeurs. Avec du rire garanti ! Si la mayonnaise prend au début, elle perd vraiment de sa saveur au fur et à mesure que le film avance.
Niveau humour, Les Profs part souvent dans l’excès, mais le bon ! Et pour sûr, il y a de quoi se marrer en voyant un enseignant, allongé dans son hamac en plein cour, demander à ses élèves d’ « inventer un exercice, de le faire, de le corriger, tout seul et en silence ». Ou encore de voir une prof d’Anglais mettre fin à une histoire de « Madame, il copie sur ma feuille » en usant d’une tronçonneuse pour couper la table (et je ne parle pas du coup du « tirage de cheveux »). Pendant toute sa première partie, Les Profs se présente à nous de la sorte, nous faisant passer un agréablement moment (même si la plupart des gags sont présents dans la bande-annonce). Malheureusement pour le film, cette bonne énergie se dissipe peu à peu dans le grand n’importe quoi !
L’avantage avec Les Sous-Doués, c’est que le film livrait du comique jusqu’à son générique de fin, se préoccupant bien plus de ses gags qu’autre chose. Avec Les Profs, c’est plutôt l’inverse qui se produit… Après une première partie assez rigolote, le film perd de son humour et de son intérêt dès que les professeurs se lancent enfin à « aider » leurs élèves. Du coup, nous avons droit à des passages des bons sentiments à la guimauve qui n’ont rien à faire là (les techniques de drague de Polochon, ce dernier se montrant tel un messie sur le toit de l’établissement…) et qui rende l’ensemble grotesque. Du coup, on rit moins et on attend la fin, en regrettant presque de regarder…
Et pourtant, Les Profs proposait une distribution plutôt abordable. Avec ce Christian Clavier qui se montre bien plus drôle que dans ses derniers et insupportables rôles, cette Isabelle Nanty foldingue, cet attachant Pierre-François Martin-Laval, ce Kev’Adams en pleine lancée (entre les Profs et la série Soda, il n’y a pas beaucoup de différences avec son rôle de cancre), et ces autres comédiens qui arrivent à faire vivre au minimum ces professeurs sous-doués comme il faut.
Si l’on devait décrire Les Profs, il faudrait le faire en mentionnant la chanson du générique de fin : ridicule, pas superbe mais qui toutefois entraîne par son rythme, sa loufoquerie et ses interprètes. Un film, donc, qui se laisse regarder sans déplaisir mais sur lequel on n’y reviendra pas deux fois ! Ou qui ne tente pas assez pour attendre avec impatience une suite qui, vu les chiffres au box-office, peut véritablement se faire !