Cette critique contient du spoil.


Mercredi 13 mai, avant-première sur les Champs-Élysées.
Le film vient de se terminer et je suis mitigé, alors que la salle de 200 personnes plus ou moins représentatives de la société française vient d'applaudir le film, je suis partagé entre la nausée et l'auto-mutilation. On me fait signer une décharge. Je n'ai pas le droit de parler de cette projection-test avant la sortie du film ces jours-ci donc. Le silence face à l'horreur.


Nombreux sont les gens qui m'ont prévenu, qui ont essayé de me dissuader d'aller à cette séance, nombreux furent-ils à avoir raison, mais une force en moi me commandait. Curiosité malsaine ou espoir illusoire, je ne sais plus ce qui m'a conduit où survint le drame, toujours est-il que j'y étais et qu'il fallait vivre avec.


Tout commença par un réalisateur-acteur cabotin, puis vinrent les caricatures insupportables, ce genre de farces insensées et difformes qui mettent mal à l'aise au premier regard. Ne pouvant avilir l'esprit, on se venge en le maltraitant. Dans les premières minutes du film, les profs sont envoyés en mission en Angleterre. Et déjà, le scénariste se rend compte du côté bancale de son idée. Les personnages principaux se disent qu'il faut rajouter Boulard au film, sinon... bah sinon rien, en fait. Parce que ça part déjà sur quelque chose qui n'a aucun sens.


Arrive Kev Adams.
La tristesse s'installe dans le cœur des hommes, tandis que l'empaffé tente une boutade sur le volant d'une voiture placé du "mauvais côté". Puis un gag sur le climat anglais. Quelques rires dans la salle.
Le pathétique de la situation et la volonté affiché du dernier de la famille Adams de détendre nos zygomatiques (et les siens) passe mal.


Ajoutez à cela un changement d'acteur pour un personnage déjà vu dans le premier opus (on passe de Christian Clavier à Didier Bourdon), des personnages sans consistance, des fonctions qui embrassent les clichés les plus insupportables. Le blond fils à papa prétentieux, la grosse moche amoureuse, le Kev Adams pas drôle. Tout cela est pitoyable et m'attriste alors que le temps passe.
À trois reprises, je pense à sortir de la salle.


Ce n'est pas le fait que les héros s'affranchissent en fumant, dans un film destiné à un jeune public, qui me révulse, ce n'est pas non plus l'idée que le pire peut faire du mieux quelque chose de meilleur qui m'agace. Peut-être est-ce cette idée que c'est un film franchouillard, dopé aux talents inexistants d'acteurs cantonnés à des navets notoires, qui se permet une vision xénophobe sur les différences entre la France cool et l'Angleterre coincée, dans un déluge effarant d'humour crade et basique, vraisemblablement inspiré de ses maîtres à non-penser que sont peut-être Camping, Cyprien ou les 11 commandement.


Bien en deçà du premier film (auquel j'ai tout de même accordé un bon gros 2), Les Profs 2, c'est un gâchis de temps et de moyens au service de ce qu'il y a de pire dans le cinéma français. Vulgarité, bêtise, humour à moins de deux balles, et auto-satisfaction affichée. Vous savez, comme quand quelqu'un fait une blague nulle, qui jette un froid, et que la seule chose qui casse le blanc qui suit la blague, c'est le rire gras du clown qui a l'a commise.


Je concède au film la seule bonté de nourrir les acteurs qui ont besoin de manger. (Clavier dans le premier opus, Bourdon dans le deuxième)
Mais le déshonneur contre un peu de pécule, le cynisme est tragique.


Je ne tirerai pas sur l'ambulance, le film est son meilleur contre-argument.
Ce film est à mon sens le pire film de l'année, et la difficulté que j'éprouve en écrivant ces dernières lignes réside dans le fait que je ne sais pas si je ne dois pas conseiller de le voir ou si je dois conseiller de ne pas le voir.


Ceux qui peuvent aimer aimeront, les autres garderont leur âme.
Je souhaite du courage à tous.

Zedbahr
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le 2 juil. 2015

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Zedbahr

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