Grand et magnifique film

Je ne suis pas très friand du cinéma de Cronenberg, son « History of violence » m’avait d’ailleurs énormément déçu. C’est donc sans aucune attente que je suis allé voir « Les promesses de l’ombre ». Force est d’avouer que je me suis pris une véritable claque cinématographique. On trouve tout dans ce film, une histoire intense subtilement mise en image, une interprétation exceptionnelle et une mise en scène des plus inventives. Bref un grand et magnifique moment de cinéma. Cronenberg manipulateur comme jamais sait emmener son public dans les travers d’un récit à tiroirs parfaitement ficelé. Ses choix de cadrages surprenants, le jeu sur la couleur (le rouge notamment) créent une ambiance plombante, presque lancinante que viennent briser les fulgurantes scènes de violence (meurtres filmés avec cruauté, esthétiques combats chorégraphiés minutieusement…). Il maîtrise son film de bout en bout, tenant le spectateur en haleine, le laissant exsangue, presque à bout de souffle. Il sait aussi diriger ses acteurs qui sont tous parfaits, voire plus. De Armin Muelle Stahl en parrain aussi crédible qu’un Brando en son temps à Vincent Cassel en fils monstrueux et ambigu, de Naomi Watts sulfureuse et sensuelle au réalisateur Jerzy Skolimovski impressionnant dans le rôle de l’oncle tous donnent aux personnages une belle amplitude et une vraie consistance. Mais celui qui est le plus déroutant, bien évidemment, c’est l’extraordinaire Viggo Mortensen, méconnaissable. Il dégage un magnétisme et une cruauté froide qui porte sa composition comme l’une des plus ahurissante de ces dernières années. Il s’est métamorphosé, l’accent, le physique, l’approche psychologique, il n’incarne pas Nikolaï, il l’est. L’un des grands films de 2007.