Pour la troisième fois de sa carrière (après 1929 et 1932), Masahiro Makino transpose à l'écran cette séminale histoire dont on ne compte plus les adaptations, même si peu ont finalement traversé les frontières du Japon, la plus connue étant celle (décevante) de Mizoguchi.
Il semble qu'à la base, cette version 1938 était constitué de deux films distincts, la première signé Makino et la seconde par Tomiyasu Ikeda (auteur de plusieurs Yaji and Kirata avant d'être condensé chacune à 50 minutes pour obtenir un film d'1h40. Seule cette version existe on dirait et dans une qualité très médiocre.
L'ensemble manque un peu d’homogénéité avec une narration à la fois trop rapide et de longues séquences plus dispensables comme le face à face entre les "deux" Kuranosuke dans une auberge. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on sent les ellipses et que les ronins vengeurs ne sont absolument caractérisés. En gros la première partie de Makino reste la plus cohérente en expliquant comment Asano en vient à agresser Kira puis la décision des ronin de contre-attaquer tandis que la seconde s'applique à montrer comment ceux-ci ont pris leur temps avant de lancer leur raid meurtrier.
Makino fait preuve d'un joli classicisme avec une belle gestion de l'espace pour des décors intérieurs imposants. C'est souvent statique avant que l'explosion de colère ne conduisent à de rapides travellings. Il y a un certain raffinement esthétique (sans atteindre la virtuosité du Mizoguchi), forcément cérémonial et théâtral qui fonctionne très bien dans les moments précédents le seppuku d'Asano.
La seconde moitié d'Ikeda manque un peu d'unité et laisse plus de place à l'émotion (les "deux" Kuranosuke sans que la séquence soit donc satisfaisante) et même de l'humour comme les petites touches avant l'attaque final (les sandales s'accumulant, les aubergistes croyant être face à des voleurs). Par contre sa scène d'attaque est très mise en scène, dynamique, là aussi très théâtrale dans ses chorégraphies qui n'en demeurent pas moins rapides et intense.
Pour une œuvre réduite à plus de 50 %, et malgré l'état de la copie, ça tient encore bien la route.