On peut voir ce film passé dans le domaine public dans sa version éditée d'une durée de 2h14 n'importe où sur le net. La qualité est acceptable mais ne rend pas forcément justice à la qualité originale supposée. Ce film d'épopée, inscrit au National Film Registry américain le mériterait pourtant au vue de ses qualités encore perceptibles aujourd'hui, près d'un siècle plus tard.
Adapté d'un best seller espagnol, le film bénéficie d'une écriture riche et nuancée malgré ce que peuvent en dire les germanophiles. Si les allemands sont effectivement présentés sans aucun attrait, les quatre cavaliers de l'apocalypse, explicitement métaphoriques, sont les véritables antagonistes tandis que chaque protagoniste est dépeint avec un certain cynisme moral.
Alors bien sûr on est loin de l'aspect intemporel d'un Chaplin et le spectateur contemporain devra peut-être se faire violence face au classicisme de la mise en scène qui rapproche davantage l'oeuvre d'un roman illustré que du cinéma d'aujourd'hui. Cependant le rythme et l'aventure relaté sur le long cours et peu avare d'ellipses temporelles ne manquent pas de compenser cette dimension surannée.
En outre, c'est intéressant de constater comment l'Histoire a surtout retenu l'émergence de Rudolph Valentino en tant que danseur de tango épicurien, alors que le personnage du père interprété par Joseph Swickard est le véritable vecteur et cœur du récit.
On retiendra en outre les procédés de surimpression faisant planer depuis les cieux l'ombre des cavaliers sur les terres dévastées de France.