Les branleurs
Dans les pas d'André Bazin et de sa caméra stylo qui lançait l'idée d'une révolution cinématographique qui se dégagerait du formalisme du cinéma de l'époque, et qui ferait appel à un art engagé,...
le 12 juin 2015
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Sorti en 1959 et réalisé par François Truffaut, Les Quatre Cents Coups est un film culte qui lancera le mouvement de la Nouvelle Vague. C'est le premier film de François Truffaut derrière la caméra, qui cosignera dans la foulée le scénario d'À bout de souffle avec Jean-Luc Godard, un autre film culte. Les Quatre Cents Coups c'est une œuvre sur la fin de l'enfance et le début de l'adolescence, dans lequel on retrouve en tête d'affiche (encore tout jeunot) Jean-Pierre Léaud dans ce rôle qui deviendra mythique d'Antoine Doinel qu'il reprendra quatre fois pour au total une grande saga de cinq films. On retrouve également Claire Maurier dans le rôle de la mère et Albert Rémy dans le rôle du père. Et lors d'une apparition éclaire, on pourra apercevoir Jeanne Moreau et Jean‐Claude Brialy ... Jeanne Moreau qui tournera de nouveau pour François Truffaut dans Jules & Jim.
Antoine Doinel est un jeune garçon de douze ans qui va très vite découvrir que la vie n'est pas si simple. Il vit dans un tout petit appartement d'un immeuble miteux avec ses deux parents, une mère peu aimante et un père qu'on pourrait qualifier à l'humeur frivole. Ses parents ne sont pas les pires parents du monde, mais on sent bien qu'ils ne sont pas des parents très attentionnés. Et si vous rajoutez à tout ça, un système éducatif avec un professeur des écoles (Guy Decomble) qui le prend en grippe, dans une classe turbulente et des camarades pas très solidaires ... en gros, il prend pour tous les autres vu que l'instituteur l'a dans son collimateur. Alors forcément, il en marre de passer pour la victime de service, que ce soit à la maison ou à l'école, alors il décide de faire l'école buissonnière et de fuguer de chez lui le temps d'une journée, pour aller faire "Les Quatre Cents Coups" avec son meilleur ami René (Patrick Auffay).
Dans Les Quatre Cents Coups on va donc suivre Antoine Doinel enchaîner les bêtises, voire même les délits, pour s'émanciper et vivre de ses propres ailes. C'est le rite de passage d'un jeune garçon de l’enfance à la vie adulte en quelques jours. Le film pourrait paraitre très daté, mais il faut garder en tête que le film sort en 1969, dans une époque révolue. Et que ce soit sur le fond ou sur la forme, pour l'époque justement, le film est très an avance sur son temps. Pour le coup, François Truffaut s'affranchit de tous les codes du cinéma d'avant et d'après guerre. Il filme à l'extérieur, dans des décors naturels avec une caméra très libre, des personnages qu'on pourrait croiser tous les jours et qui parlent comme nous (ou plutôt comme mes parents). Ce n'est donc pas pour rien qu'on parle encore aujourd'hui de ce film comme l'un des panthéon du cinéma français et même mondial.
Si on se replace dans le contexte de l'époque (pour rappel, 1959), on est exactement neuf ans avant les révoltes étudiantes de Mai 68. C'est donc une œuvre prémonitoire, mais également autobiographique pour François Truffaut et Jean-Pierre Léaud. L'écriture du film a été fortement influencé par l'expérience de François Truffaut adolescent et par le caractère de Jean-Pierre Léaud qui transpire dans son interprétation d'Antoine. On sent que c'est un film sincère et honnête avec ses personnages et du coup c'est un film qui résonne en nous encore aujourd'hui. C'est vraiment un film transgénérationnel, même plus de soixante ans après les problèmes sont toujours les mêmes. Les adolescents sont toujours malmenés par les profs, ils se sentent toujours incompris par leurs parents. C'est un film qui nous rappelle que le cinéma est magique, car je suis sûr que c'est le genre de film que des jeunes apprécieront encore aujourd'hui, malgré le noir & blanc et malgré un Paris de carte postale des années 60.
Mais la grosse révélation du film, c’est Jean-Pierre Léaud. Le film ne serait pas ce qu’il est sans sa performance d’un naturel confondant. Tout le monde le sait, c’est extrêmement difficile de faire jouer (convenablement) des enfants au cinéma et beaucoup s’y sont cassés les dents. Or ici, François Truffaut ne s’est pas loupé, il a déniché un futur talent et un collaborateur de longue date, puisqu’ils tourneront ensembles sept films dont un court.
Les Quatre Cents Coups est un film qui touche au cœur, c'est touchant et triste, sans jamais tomber dans le pathos. On s'identifie tout de suite à Antoine et on s'attache à lui, d'autant plus qu'il ne mène vraiment pas la vie facile. On voit bien que sa mère essaie de se racheter vers la fin, mais on sent bien qu'elle n'a pas la fibre maternelle. Quant au père, il semble avoir complètement démissionné de son rôle de paternel. Et puis, ça va aller de mal en pire pour Antoine tout au long du métrage, jusqu'au plan final "ambigu" ...
Au bout du compte, on voit Antoine être emmené en fourgon loin de Paris en maison de correction. Il est traité comme un délinquant et son sort semble scellé. Il va tout de même réussir à fuguer de nouveau et le film se conclu sur un traveling qui montre le jeune Antoine courir sur le sable et s'arrêter face à l'océan avec la caméra qui fait un zoom avant sur son visage et se fige sur le plan final, un plan fixe qui est devenu culte.
Jean-Pierre Léaud incarnera Antoine Doinel dans cinq films (quatre long métrages + un court), à savoir Les Quatre Cents Coups (1959), le court métrage Antoine et Colette dans L'Amour à 20 ans (1962), Baisers Volés (1968), Domicile Conjugal (1970) et L'Amour en Fuite (1979), C’est le héros d’une saga emblématique, qui a marqué notre imaginaire collectif et qui continue d’influencer les œuvres contemporaines (la trilogie des Before de Richard Linklater et la trilogie sur Xavier de Cédric Klapisch, entre autres). C’est pour cette raison que Les Quatre Cents Coups est une œuvre majeure et un film fondateur de la Nouvelle Vague, auquel se référence tant de réalisateurs aujourd’hui.
Bref, Les Quatre Cents Coups est une œuvre culte qui a probablement inspiré de nombreux réalisateurs par la suite. C'est un film profond et une œuvre qui respire la sincérité. C'est une histoire simple, mais qui parle à tout le monde.
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Créée
le 31 déc. 2024
Modifiée
le 31 déc. 2024
Critique lue 7 fois
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