Précisons d'entrée que je ne remets absolument pas en cause la nécessité de documentaires sur la shoah: à ce titre je considère "Shoah" comme un chef d'oeuvre absolu. Certains documentaires de Prazan, la série "Jusqu'au dernier: la destruction des juifs d'Europe"", etc...ont indéniablement apporté quelque chose dans la compréhension de l'holocauste.
Non, ce qui me met mal à l'aise, c'est que Lanzmann réutilise des rush de "Shoah" pour en faire des documentaires "connexes" plus ou moins aboutis. Le film sur la révolte des déportés de Sobibor est maîtrisé, mais "Le dernier des injustes", 'Karski" et "Les quatre soeurs" me semblent plus discutables dans leur construction. C'est inégal, parfois confus, et plus grave, certains récits présentent des ellipses rendant difficiles leur compréhension.
Entendons nous bien: certains témoignages sont à la limite de l'audible et vous font dresser les cheveux sur la tête. Et je sais que dans tout témoignage il y a une part de construction, en particulier quand les victimes ont vécu des événements aussi traumatisants.
Non ce qui me gêne, c'est la façon dont Lanzmann construit ces récits; la façon dont il "les monte", littéralement. A ce titre, dans le cas de Paula Biren (3e documentaire des Quatre soeurs"), il existe au USHMM une série de 6 h accessible ici: https://collections.ushmm.org/search/catalog/irn517852
relative à son expérience dans le ghetto de Lodz. Je pense qu' il peut être intéressant de rapprocher ce témoignage du film de Lanzman.
Cette réserve mise à part, ces films présentent un indéniable intérêt historique. A voir donc, mais en gardant à l'esprit comment ces films sont montés et dans quelles conditions.
Attention, certains témoignages secouent vraiment.