Je m’attendais à un film cliché avec un certain manichéisme qui est le fardeau que porte les films sur les skins et les bonheads. Certes, c’est un peu manichéiste mais le combat entre les anti-racistes et les racistes passe totalement au second plan.
En effet, Jimmy Laporal-Trésor semble vouloir reconstruire une esthétique. Il est intéressant de noter que le réalisateur est d’origine antillaise, tout comme le personnage principal Rudy, et était enfant dans les années 1980 donc il essaye de reconstituer l’univers visuel qu’il a connu, lui-même a peut-être eu affaire à des bandes de skins en banlieue parisienne. Ainsi, le paquet a été mis sur les détails, que ça soit dans les costumes, les coiffures, les décors, les dialogues et même les affiches électorales ! Évidemment cette avalanche de détails amène des petits anachronismes ou illogismes, par exemple Fred dit qu’elle à un père qui a été enrôlé dans les jeunesses hitlériennes alors qu’elle a un nom à consonance polonaise (on aurait pu plutôt utiliser ce détail pour parler des descendants d’immigrés européens devenus racistes face aux nouvelles immigrations extra-européennes) et je m’étonne de voir des skins gudards ou nazis chanter la marseillaise comme des supporters bourrés, il aurait été plus logique de les voir chanter des chants nationalistes.
Quand on voit ce film, on comprend que Laporal-Trésor aurait voulu faire un documentaire sur les bandes de jeunes de la banlieue parisienne mais il a dû écrire un scénario centré sur une histoire de vengeance et de loi du Talion tout ce qui a de plus classique avec une escalade belliciste de chaque côté qui se conclut, comme dans n’importe quel film entre des bandes de petits voyous, par l’arrivée d’une arme à feu dans les mains de l’un des deux camps. Mais le scénario passe vraiment en second plan de ce film, il sert plus à appuyer la retranscription de la France de 1984 par quelques détails comme l’existence du service militaire ou la division entre les skins historiques (ici le frère de Fred) et les skins d’extrême-droite.
Les quelques scènes de bagarres ou de tensions sont assez réussies, je pense à la scène à la sortie du duel de danse. Après ça ne casse pas trois pattes à un canard et aucun plan ne m’a vraiment marqué esthétiquement parlant mais c’est tout à fait agréable à regarder.
Le principal défaut c’est que les personnages ne sont pas assez développés, il y avait tout un truc à faire sur les relations entre les membres des Rascals mais à part Rudy et Rico les autres passent au second plan, j’ai même oublié leurs noms.
Et c’est un peu con car lors dernière scène, Rudy sort de prison et est accueilli par ses potes (tel le début d’un film de yakuzas) s’ensuit une étreinte qui aurait due être déchirante et émouvante mais bon vu qu’on ne sait pas grand-chose de ses deux potes c’est compliqué. En plus, le film devenait vraiment intéressant quand la chasse aux nazis commence.