Les films de guerre étaient, dans les années 1940 et 1950, produits en masse par Hollywood et il est parfois bien difficile de s'y retrouver entre tous les titres. Les Rats du Désert à la particularité d'avoir été mis en scène par Robert Wise et rien que ça, c'est une raison suffisante pour s'y intéresser.
Il prend ici le point de vue des anglais alors que la guerre fait rage dans l'Afrique du Nord, avec un capitaine britannique qui va devoir gérer des soldats australiens, parmi lesquels il reconnaît une ancienne connaissance. Se basant sur une histoire vraie qui a vu cette division australienne afficher une résistance exceptionnelle face à Rommel en 1941, Wise rentre assez vite dans le vif du sujet et va plus s'intéresser à la vision humaine, les rapports entre les soldats et le capitaine que l'action en elle-même. Des portraits qui restent tout le long intéressants à défaut d'être réellement novateurs ou de susciter de l'émotion.
Alors, l'oeuvre n'est pas exempte de tout reproche et laisse même quelques regrets, à l'image d'un rythme assez mal maîtrisé par Wise notamment dans la dernière partie, ce qui est d'ailleurs surprenant tant cet artisan a démontré sa maîtrise à de nombreuses reprises par ailleurs. S'il reste au minimum correct, il ne transcende jamais vraiment son sujet, que ce soit dans la guerre, les portraits humains qu'il dépeint, les relations qu'ils auront entre eux ou l'intensité dramatique. Enfin, Wise reste quand même un sacré réalisateur et évite plusieurs pièges, à l'image des lourdeurs qui peuvent être occasionnées par l'aspect patriotique, lui il le gère plutôt bien, sans jamais tomber dans un quelconque excès.
Les Rats du Désert bénéficie aussi, et surtout, d'immenses interprètes qui se montrent à la hauteur, surtout Richard Burton dans le rôle d'un capitaine autoritaire qui va devoir faire face à de nombreuses péripéties. À ses côtés, Robert Newton, et dans une moindre mesure James Mason (en général allemand, mais peu présent) sont eux aussi impeccables. Wise se montre sobre et solide derrière la caméra, contournant le problème du maigre budget avec de nombreuses scènes nocturnes tandis que les séquences de combat sont plutôt bien faites. Il est aussi bien aidé par une reconstitution plutôt bonne, tournée en partie dans le désert californien.
Si Robert Wise ne transcende jamais vraiment son sujet avec Les Rats du Désert, il n'en reste pas moins un minimum efficace et propose une oeuvre intrigante, sublimant d'intéressants portraits humains portés par d'immenses interprètes, Richard Burton en tête.