Il s'agit du premier film d'un grand réalisateur italien : Bernardo Bertolucci dont la carrière est une des plus importantes de son époque. Ce premier opus s'inscrit dans le courant du néo-réalisme italien : tournage en extérieur, lumière naturelle, comédiens non professionnels, noir et blanc vaporeux. Le scénario est signé par Bertolucci et Sergio Citti d'après un texte de Pier Paolo Pasolini. Point de départ de l'intrigue : une prostituée est assassinée dans un parc de Rome. La police interroge les suspects, chaque interrogatoire donnant lieu à un long flashback. Mais attention ! Il ne s'agit pas du tout d'une intrigue policière. Mais plutôt une galerie de portraits : des personnages errants sans véritable but, des paumés sans envergure, des jeunes sans le sou, tous semblant écrasés par leur propre destin. Ils évoluent dans une Rome fantomatique et déserte aux antipodes de l'habituelle imagerie historique et touristique de la ville. La mise en scène très élégante enchaine quelques très beaux travelings. Le rythme du récit est volontairement lent pour dépeindre de manière clinique cette ambiance noire et feutrée.