Vous n'imaginez pas comme ce film m'a fait parler de lui : à grand renfort de gesticulations et d'imitations dignes d'un César, j'ai retracé les scènes clés du film à mes collègues, les faisant rire aux dépents du film et des acteurs !
Parce que c'est sûrement ça, le plus troublant avec Les Regrets. Pas que le titre soit ironiquement pré-destiné, et qu'on soit assailli par un sentiment de regret d'être allé voir ça, sur les conseils de cette copine, là, que du coup on risque de boycotter pour ce qui est du conseil cinéma. Non, le plus troublant, c'est d'en rire. Evidemment ! C'est un film français, du genre franco-français, du genre même inexportable sauf en allemagne, et encore, faudrait que ce soit dans un cinéma pour francophones en mal du pays. En gros, c'est un film sur des gens ordinaires, qui vivent un truc ordinaire de français, c'est à dire se torturer sur une question existentielle : l'amour.
Alors, pourquoi on rigole tous les cinq, la bande de copains qui avait décidé de "se faire un bon ciné", alors qu'on n'est manifestement pas devant une comédie ? Parce que c'est nerveux, parce qu'on se dit, "non, il va pas... il a encore osé... c'est une blague... ?", et hop, on rigole nerveusement de la grosseur du truc, on se dit qu'il faut être sous Prozac ou hystérique pour trouver le comportement des acteurs normaux, et on lance des oeillades inquiètes à nos montres en espérant que la fin soit proche.
Pour camper un peu l'histoire, on a deux couples. D'un côté, Valéria Bruni Tedeschi qui sort avec un bûcheron alcoolique, Philippe Katerine, et qui vit dans une vieille batisse perdue en province, en plein milieu des bois. Franchement, rien que ça, déjà on rigole. Mais passons. De l'autre côté, on a Yvan Attal et sa femme Arly Jover, qui sont un couple d'architectes parisiens.
La mère d'Yvan meurt (elle a vu le film ou bien ?!), du coup il passe un peu de temps dans le village de son enfance, et il retrouve l'amour de sa vie : Valéria, qu'on appellera VBT par soucis de fainéantise. Evidemment, ce qui devait arriver arriva : pourquoi tu m'as quitté, mais non c'est toi qui m'as quitté, arrête, moi je t'aimais, mais moi aussi, mais alors pourquoi on s'est quitté ? Ca finit par un pilonnage vaginal sur un escalier en bois (et les échardes ?!) dans la maison perdue dans la forêt, et là on sent que c'est le début de la fin.
Parce que VBT, actrice française dans toute sa splendeur (moue dépressive, trois expressions faciales, la voix comme un souffle, inaudible), est insupportable. Bon déjà, il faut aimer l'actrice, et ce n'est pas mon cas. Mais là, son personnage est exaspérant, et très vite on espère un accident de voiture, une balle perdue, enfin un truc qui fasse que ça s'arrête. Yvan Attal, de son côté, joue essentiellement du Yvan Attal, c'est à dire qu'il nous sort toujours les mêmes tics faciaux, la même intonation, la main passée dans les cheveux, et puis de temps en temps, une vague d'emportement qui sent l'émotion mal simulée.
Le film ? Comment dire... C'est un "je t'aime moi non plus" qui va et qui vient pendant une heure trente. Du genre, ils baisent, alors elle revient, il est content. Le lendemain, elle change d'avis, elle pleure, il est pas content, il l'embrasse, ils baisent, donc elle revient. Mais attention, une heure après, finalement, elle veut plus. Alors il l'embrasse, il la saute (il a de l'appétit !), elle revient, et puis une heure après, elle repart en voiture, il s'énerve, elle pleure, elle fait demi-tour et revient, elle se faut sauter, il se calme, elle s'énerve, il veut la sauter mais déjà elle part, et puis non finalement, il reste encore 10 minutes avant le générique, alors elle revient parce que bon, si elle peut se faire troncher encore une fois...
Bref, c'est l'histoire du film, une hystérique en dépression sentimentale qui ne sait pas ce qu'elle veut (d'autres diraient "une femme..."), et un mec qui baise beaucoup et qui marche beaucoup trop facilement dans le jeu d'une fille pour être honnête.
Mais bon, au moins on aura bien rigolé. Malgré nous.