Ceux qui connaissaient Yann Gonzalez à travers ses courts-métrages dont le superbe "Nous ne serons plus jamais seuls" attendaient ce premier long avec une certaine impatience.
Si les premières minutes peuvent faire craindre le pire, soit une bonne petite branlette intellectuelle arty, hommage irritant au cinéma bis des années 70, et si ces "Rencontres d'après minuit" laisseront à coup sûr un paquet de monde sur le bord du chemin, d'autres pourraient se laisser hypnotiser par cet exercice de style ambitieux et captivant.
Gonzalez est un gourmand pour ne pas dire un boulimique, raison pour laquelle il nous invite à découvrir à la fois un film qui convoquerait Fellini, Buñuel, Rohmer, del Toro, Rollin, Maddin ou encore Robbe-Grillet, une œuvre profondément littéraire, onirique, mystique, mais aussi une sorte d'installation d'art contemporain. Le tout bercé par la composition enivrante de M83 et la présence lumineuse de la toujours aussi troublante Fabienne Babe.
Le pari était périlleux, je pourrai parfaitement entendre ceux qui trouveront ceci vain et grotesque, mais personnellement je me suis laissé envoûter par cet objet hybride et je ne suis pas près d'oublier les derniers plans d'une beauté sidérante qui m'ont furieusement rappelé la caméra à la fois caressante et abrasive d'un Dumont.