Les Révoltés par Cinemaniaque
Connaîtra-t-on un jour la véritable valeur de Tod Browning ? Cinéaste oublié, aux films majoritairement disparus ou mutilés, il est pourtant l’un des cinéastes les plus importants de son époque, et une œuvre comme Outside the Law prouve quelle modernité le cinéaste pouvait avoir à l’occasion.
Car outre un casting assez bancal (exception faite de l’inénarrable Lon Chaney, ici en double emploi en tant que gangster et… chinois), Browning fait preuve d’un sens de la narration et de la mise en scène qui laisse admiratif. Il n’y a pas de temps mort dans le récit, Browning allant régulièrement à l’essentiel, s’amusant avec le montage à créer soit de la comédie, soit du suspens. Browning, à bien des égards, s’apparente au chaînon manquant entre D.W. Griffith (période American Biograph) et Alfred Hitchcock en se préoccupant non pas de la vraisemblance des actions mais bien de l’impact qu’elles auront sur le spectateur.
Sans doute la version disponible aujourd’hui est-elle tronquée, quelques cadrages et quelques ellipses semblant très douteuses pour l’époque. Qu’importe : à travers ce mélodrame policier, Tod Browning affiche un savoir-faire qui surpasse d’autres œuvres plus connues de lui, et si le scénario est parfois trop léger, il faut bien reconnaître au cinéaste un vrai don pour l’exploiter. De l’artisanat, sans doute, mais quelle main-d’œuvre exemplaire.