Pour un film qui répète à longueur de temps que pour faire du bon rock, il faut avoir des couilles, il en manque clairement. On assiste à une page d'histoire (le premier groupe de filles de l'histoire du rock, du vrai), sur fond de misère sociale et donc humaine, de drogues, de questionnement sexuel, d'industrie du disque et de crise d'adolescence.
Tout est finalement très pudique : pas de nudité (les filles sont mineures), les abus de drogues et d'alcool limités, des dialogues réduits à peau de chagrin. Dans une critique américaine, le journaliste disait qu'on se rendait bien compte qu'on ne nous racontait pas la vraie histoire mais que c'était de belles images de la jeunesse des 70's. Quand on n'a pas été jeune à cette époque, on est forcément moins sensible à ce potentiel et on regrette que la carrière façon étoile filante de Cherie Currie prenne parfois des atours de film émo, à base de plans fixes sur une Joan Jett de supermarché qui contemple le plafond, à moitié immergée dans sa baignoire (filer le rôle à l'héroïne de Twilight, et ta mère ?).
Pour autant, il y a de bons passages, bien bruts, portés par une bande son parfaite où la réalisatrice se lâche un peu et donne à son film la crasse et la tension de l'époque et du milieu. Malheureusement, on replonge fatalement dans les travers "Virgin Sucidiens" de Sigismondi et en fait d'exploration de la relation Joann/Cherie (qui était sensé être la colonne vertébrale du film), on a surtout l'impression que les deux filles vivaient dans deux mondes différents.
Ceci étant dit, "The Runaways" réussit globalement son pari de dépeindre un rêve américain made in rock 'n roll avec ce qu'il faut de magouilles (les tournées à l'arrache, les photos pour le Japon), de drogues, de sexe et de riffs de guitare qui envoient du bois. Un peu dommage que les copines des Ramones aient eu droit à un petit coup d'angélisme en passant...