Le manuel de la survie en groupe
Bon sang! J'adore les histoires qui se déroulent en Afrique. C'est toujours si brut, si animal. Il n'y a pas très longtemps de cela, j'ai eu la chance, le bonheur, de voir "La proie humaine" qui conte l'histoire d'un homme pris en chasse par une tribu africaine. Ce fut un spectacle grandiose. "Les sables de Kalahari" est du même tonneau. Suite à un crash d'avion, un petit groupe de survivants va apprendre à persister en ces terres arides. Ce film est un peu le complément de The Naked Prey ; si ce dernier est bien plus porté sur l'action, le physique, la survie en solitaire et donc la psychologie d'un homme seul contre tous, ici l'action est moins présente (malgré le pitch annonçant un groupe de singes rivaux et dangereux), et l'on s'intéresse davantage à la psychologie de groupe : comment reconfigurer une société, quel sera le rôle de chacun? Un débat sociologique impressionnant, retournant, juqu'à un final osé, audacieux et jusqu'au-boutiste.
On peut reprocher au film quelques longueurs. Cela est inévitablement dû au manque d'objectif précis. Dans the naked prey, le héros doit sauver sa peau menacée directement par des ennemis qui le pourchassent. Parallèllement il doit s'adapter à l'environnement. Ici, le groupe de singes ne se montre pas oppressant au même titre que la tribu africaine, l'objectif est donc moins concret, moins directement résolvable ; la notion de survie est plus générale, et il est forcément difficile d'anticiper la fin. Heureusement petit à petit, la psychologie des personnages s'affinant (je précise s'affiner et non pas évoluer, les personnages restent les mêmes, la situation extrême amplifie le trait de caractère de chacun), des enjeux plus clairs, plus palpables font leurs apparitions amenant ainsi une sorte de structure au film parallèlement à la hyérarchisation du groupe. Autre point positif, l'exploitation des personnages est intelligente, il en ressort des scènes coup de poing incroyables, à la fois fortes et pessimistes.
Pour la mise en scène, ça sent le fauché. D'ailleurs c'est la raison pour laquelle Elisabeth Taykor s'est barrée (et Richard Burton a suivi peut être pour d'autres raisons - aurait-il pensé que jouer le rôle du méchant aurait pu nuire à sa carrière?). C'est pas plus mal. Avoir des gueules moins connues permet de mieux s'identifier, de renforcer le côté exotique du film (imaginez un Georges Cloney pour The Naked Prey, ça foutrait tout en l'air). Le mauvais côté, c'est le côté cheap de certaines scènes d'action. Si l'on arrive à croire à ces confrontations homme-animal, la scène du crash en revanche prête à sourire.
Bref, The Sands of Kalahari est un film qui étonne par son sujet et son traitement audacieux (bien plus que 'The Grey' avecLiam Neeson). Il n'est pas dénué de défauts, mais il vaut largement le coup d'être vu!