L'oeil hagard, le front plein de sueur, le cerveau en sang... Pas un n'a survécu comprenez-vous? Pas un seul neurone! Et pourtant je m'y étais préparé à subir cette purge mais que voulez-vous, il y a des jours où on se sent Zeus et où en réalité nous ne sommes que Justin Bieber. Le nouveau film d'Olivier Dahan est une abomination. Je m'en doutais, et c'est pour cela que les armes à la main, je suis rentré dans la salle numéro 8 de l'UGC de Lille. Mais mes doigts se sont écartés tout en lâchant mes armes et le long de mes joues se sont mises à couler des larmes. Plus jamais ça, plus jamais... On dit que certains films comme la Rafle sont nécessaires pour le devoir de mémoire (ndlr: Lolilol) mais là cette critique l'est encore plus. N'oublions pas que quelques brebis égarées sont allées voir Les Seigneurs. N'oublions jamais...
L'affiche du film arbore fièrement les noms de Franck Dubosc, Gad Elmaleh, Joey Starr, Omar Sy, Ramzy Bédia et José Garcia. Elle montre aussi que cette oeuvre sera axée sur le monde du football. Dylan, 13 ans, a dû avoir une érection quand il a vu que ses héros du rire et de la musique allaient incarner des stars du foot. Faut dire qu'il s'est repassé Suprême NTM en boucle au moins 100 fois dans sa vie et qu'il a éclaté de rire devant la chanson du petit oiseau interprétée par son Gad national (même si il est marocain)
Snif snif... Ca sent l'étron me disais-je à la simple vue de l'affiche. Encore une fois mon intuition s'est confirmée par la suite. Je n'ai même pas envie de jouer au suspense et faire croire que ce film possède des qualités. L'équation est bien simple: acteurs en cartons + gags en mousse = bouse.
Il y en a que j'aime bien pourtant dans le lot. Omar m'est sympathique, Garcia je ne l'avais pas trouvé nul dans le peu de films que j'ai vu de lui (même si malheureusement je n'ai pas vu les Jet Set) et Joey Starr était génial dans Polisse. Puis Ramzy m'avait bien fait marrer lors de mon adolescence avec la série H. Enfin l'ennui c'est que quand Dubosc et Elmaleh sont présents dans le casting c'est rarement synonyme de qualité...
Ce film est juste d'un vide intersidéral, il n'y a strictement rien dedans. Ca essaie de mélanger la comédie au drame social et familial mais ça ne marche absolument pas. Bon le film est plutôt axé comédie mais c'est bien là que ça vire au drame... Aucun gag ne marche. Il n'y en a pas beaucoup pourtant, ou alors peut-être aies-je raté quelques tentatives de faire rire l'assemblée. C'est juste affligeant de pauvreté, il n'y a aucune idée de comédie.
Alors peut-être que voir un chien faire quéquette avec une baudruche fait marrer du monde. Ou peut-être que les essais de vannes de Dubosc font également rire. Peut-être ne suis-je pas réceptif à cet humour? Non même pas, c'est juste nul, pas recherché pour deux sous et d'un niveau très bas. L'expression "à ras des pâquerettes" serait un doux euphémisme pour qualifier l'humour de ce film.
L'histoire du film raconte la destinée d'une équipe amateur qui est reprise en mains par une ancienne gloire du football qui va appeler tous ses copains ex-footballeurs professionnels pour aider le petit club à atteindre les 32èmes de finale de la Coupe de France et ainsi éviter la fermeture de la sardinerie de l'île, premier employeur local, grâce aux gains empochés par la qualification.
Alors forcément, les clichés sur le monde du football arrivent à la pelle. A la pelleteuse même, tellement le film est arrosé par des clichés en tout genre. Forcément un ancien footballeur est soit devenu toxicomane, soit alcoolique, soit taulard ou soit vedette à la grosse tête. Bon certes ce dernier schéma est assez courant mais les raccourcis utilisés sont juste insupportables.
Insupportable... Voilà ce qui collerait bien à un Gad Elmaleh totalement immonde dans son rôle d'ex-footeux dépressif. Une vraie horreur, une vraie tête à claques. Je ne peux pas le supporter plus de 5 minutes dans un film. C'est pour ça que ses petits rôles dans The Dictator de Larry Charles et Minuit à Paris de Woody Allen passaient très bien. Après on se doute qu'un vrai cinéaste refusera de lui accorder plus de 5 minutes dans un film.
Idem pour Dubosc. Il joue le prétentieux à merveille mais là c'est infect au possible. Et parfois on voit ce dernier et Elmaleh dans un même plan, tentant tous deux de faire de l'humour. Je ne vous dis pas la souffrance...
A côté Omar Sy dans un rôle très inspiré de Lilian Thuram et José Garcia s'en sortent assez bien. Mais que voulez-vous, ils ne sont pas aidés par le scénario ni par leurs personnages. De même pour Jean-Pierre Marielle. Joey Starr se ridiculise dans une pure auto-parodie indigne du talent d'acteur dont il a su faire preuve il y a peu et Ramzy peine à convaincre dans le rôle d'un personnage qui atteint un sacré niveau de connerie.
Bien entendu Dahan se sent obligé de rajouter une histoire d'amour prévisible au possible et de l'émotion low-cost avec la relation entre Garcia et sa petite fille qu'il ne peut plus voir depuis son divorce. Mais stop quoi. Arrêtez de pisser sur les spectateurs. Cessez donc de les abrutir. Enfin ce cri de détresse ne sera pas entendu, et malheureusement Balavoine ne pourra pas en parler dans "Tous les cris, les SOS".
La dernière scène du film a eu le mérite de me décrocher un fou rire nerveux. Une scène devant laquelle j'ai ri avec bon coeur au 357ème degré après avoir accumulé une heure et demie d'intense souffrance. C'était un éxutoire en quelque sorte, la libération d'une âme mourante.
Bref ce film aura au moins le mérite de faire connaître la petite île bretonne de Molène qui attirera quelques touristes après avoir fait les belles heures du JT de 13 heures de Jean-Pierre Pernault. Pour le reste c'est le néant cinématographique, il n'y a rien à sauver. Tout est cliché et exagéré au possible, il n'y a pas d'idées de mise en scène, rien.
Apparemment le film frôle actuellement les 2 millions de spectateurs. Comme quoi des noms connus des beaufs et une promo efficace font des miracles. Si vous êtes un tant soit peu sensés et conscients de la valeur du temps et de l'argent, passez votre chemin. Si vous êtes masochistes, foncez. Et si vous êtes scatophiles, régalez-vous.