Figure importante de la pègre, Ellsworth "Bumpy" Johnson est nettement moins connu que Lucky Luciano, peut-être parce qu'il est Noir, et que le cliché des gangsters de cette époque s'est surtout reporté sur les Italo-Américains. C'est pourquoi ce film permet de mieux le connaître car il est opposé justement à Luciano et à Dutch Schultz, autre figure importante de la pègre dont le personnage campé par James Remar fut remarqué dans le Cotton Club de Coppola. Dans les années 30, Bumpy Johnson a mené la vie dure à Schultz qui voulait marcher sur ses plate-bandes à Harlem.
Après Rage in Harlem, Bill Duke, plus connu comme acteur (vu dans Predator ou Commando aux côtés de Schwarzy, ou dans Comme un oiseau sur la branche ou Payback aux côtés de Mel Gibson), continue son exploration de l'univers des gangsters noirs dans le Harlem des années 30. Il tenait là un sujet en or car il avait l'ambition de faire de son film un Parrain en version black, un peu comme l'avait été Black Caesar, un des meilleurs films de la Blaxploitation en 1973.
En dépit de scènes bien saignantes et d'un casting de très haute volée (voir la fiche du film), il réussit à moitié son projet à cause d'une mise en scène sans trop de relief. L'ensemble est un peu laborieux et Duke se contente d'aligner des clichés, de plus le jeu caricatural de Tim Roth peut nuire à la crédibilité du propos, car il est dans le pur stéréotype, encore plus agité que ne l'était Remar dans Cotton Club, c'est dommage.
Sinon, malgré ces quelques maladresses, c'est un polar assez violent qui possède un certain intérêt, aidé par son casting, avec notamment un Laurence Fishburne qui se démène avec conviction dans son rôle de Bumpy Johnson, personnage haut en couleur, de même que Andy Garcia est crédible en Lucky Luciano. La reconstitution d'époque sert également bien le film, mais on se prend à rêver ce que ça aurait pu donner avec derrière la caméra quelqu'un comme Martin Scorsese pour filmer cette histoire de gangsters cruels.