Malgré une intro coup de poing avec un Ice-T en plein pamphlet vulgo-dingo anti-rénovation urbaine (!), Urban Menace/Les Seigneurs du Ghetto s'avère rapidement être un naufrage zédard : la réalisation est catastrophique, tout en plans tellement serrés qu'on ne voit même pas les visages des acteurs en entier, la photographie est à vomir au point de sembler parfois être en N&B, l'encodage du film est digne du Prime seal of quality, les séquences d'action sont incompréhensibles, et le montage tire toute la corde qu'il peut pour atteindre laborieusement les 1h10...
Dans ce cadavre cinématographique grouillent quelques rappeurs (Snoop Dogg, Big Pun, Fat Joe) et même un de mes bad guys préférés, Vincent Klyn (Cyborg, Gangland 2010, que du lourd), pour un scénario aussi embrouillé que simpliste, totalement spoilé par tous les résumés dispos en ligne. Le nanarophile suffisamment endurant face à tant de nullité pourra tout de même y trouver 1 ou 2 séquences marrantes, telle l'intro précitée, la pose catatoniquement badass de 6 clones de Blade ou un défourraillage hystéro-zarbi de Snoop.
Comme souvent dans ce genre de fonds de poubelle de vidéoclub, c'est l'histoire derrière le film qui est la plus intéressante. Albert Pyun, réalisateur habituellement plutôt capable, s'est ainsi retrouvé à devoir tourner simultanément 3 films en Slovaquie (Urban Menace, Corrupt et The Wrecking Crew) à partir du matos prévu pour un seul, et alors que ses rappeurs/acteurs principaux demeuraient à New-York, une contrainte nettement handicapante qui explique le montage et les plans zoomés. Et comme le malheur n'arrive jamais seul, il semblerait qu'une partie du film ait été détruit durant son rapatriement, obligeant Pyun à combler les trous avec ce qu'il pouvait. Un vrai cadavre rafistolé, donc.
Cerise sur la bouse, le générique de fin (8 minutes tout de même) indique un financement par... le Crédit Lyonnais Slovaquie ! La connexion enfin établie entre nanar et Nanard ?