Emancipation tardive
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Inaugurée en gloire par « La Vie d’Adèle » (2013), d’Abdellatif Kechiche, la lignée des amours saphiques est de plus en plus présente sur les écrans. Croisant la thématique de l’amour au troisième âge, frontalement abordée en 2008 par Andreas Dresen dans « 7è Ciel », « Les Sentiers de l’oubli » (2021) s’inscrit dans la continuation de « Deux » (2020), de Filippo Meneghetti. Dans un format plus court, 1h11 contre 1h35, cette première réalisation de la Chilienne Nicol Ruiz Benavides, également scénariste et co-productrice, met en scène l’union tardive de deux femmes.
Un soudain veuvage précipite Claudina (Rosa Ramíres Ríos), à soixante-dix ans, dans la solitude et la perte de sens à sa vie. Son emménagement chez sa fille Alejandra (Gabriela Arancibia) et son arrivée dans une ville nouvelle, Lautaro, transforment son environnement et la mettent en contact avec une voisine, Elsa (Romana Satt), de cinq ans sa cadette. Cette femme, épouse d’un mari lointain et itinérant, plus libre que Claudina, réveille chez celle-ci des troubles éprouvés à l’adolescence et l’entraîne dans le cabaret, El Porvenir (L’Avenir), où elle exerce ses dons de chanteuse. Ce lieu, dirigé par un personnage haut en couleurs, Facundo, qui préfère se faire appeler Ambrosia (Raúl López Leyton), constitue le seul espace de liberté pour les couples homosexuels, au sein de la petite ville conservatrice et corsetée par la religion…
Le scénario progresse un peu à grandes enjambées et ne laisse pas le temps aux sentiments de se développer ni de trouver leurs fondements, si ce n’est dans des justifications faciles, un peu trop rapidement produites. Mais le film tient tout de même, essentiellement grâce à la prestation de l’actrice principale, qui porte sur son beau visage d’Indienne toute la naïveté mais aussi toute la sensibilité d’une femme maintenue par son éducation puis son existence dans un état de soumission proche de celui qui caractérise l’enfance. Et l’on se laisse charmer par la beauté un peu triste, jouant sur les couleurs sombres et sans éclat, de l’image conçue par Victor Rojas, impliqué dans le projet au point d’en être également co-producteur. La musique de Santiago Jara, aussi ajustée que discrète et délicate, contribue à coup sûr à la séduction assez nostalgique de ce premier long-métrage que l’on devine très personnel, puisque tourné dans la vile d’origine de la jeune réalisatrice, née en 1988, bien au sud de Santiago.
Créée
le 3 août 2021
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