Après Eclipse et La voie lactée, ce diptyque (sortie à 3-4 mois d'écart) reste dans la même lignée et il faut croire que ce genre était vraiment populaire au Japon durant ces années. On retrouve une nouvelle fois un homme qui n'hésite pas à manipuler un ami pour lui voler sa fiancée, le mariage malheureux et les héros indécis et un peu lâche.
Celui-ci fonctionne mieux que les deux précédents grâce à son récit plus recentrée sur la seule héroïne pour mieux réduire les sous-intrigues ou les péripéties cycliques. On gagne en clarté autant qu'en impacte dramatique. On bascule presque dans le film de vengeance mûrement préméditée par une femme implacable et déterminée. Ce n'est à ce titre pas forcément toujours réaliste, comme en témoigne le résumé qui évoque l'essentiel du premier film, même si le film possède une cohérence narrative et esthétique. Il y a quelques plans sublimes d'ailleurs, notamment lors de l'ouverture dans le train où la photo et la profondeur de champ sont admirables. L'intensité dramatique de la deuxième partie tient plutôt bien le coup et l'on se demande même si le film va tenir sa noirceur jusqu'au bout ou non. Sur ce point, Les sept mers ne remplit par entièrement ses promesses et rappelle qu'on est devant un mélodrame commercial et convenu qui semble reproduire une formule établie reposant sur un certain cahier des charges. L'accroche qui clôture d'ailleurs la première partie et qui annonce la suite ne cache pas la superficialité de son entreprise.
Ça reste un divertissement bien fait, parfois sensible mais il manque tout de même d'âme. Il n'est pas surprenant de voir que Shimizu creusera bientôt un autre sillon. Détail révélateur, ce sont régulièrement les séquences avec la petite sœur de Yumie qui sont les plus touchantes (jouée par Hideko Takamine, âgée de 7 ans).