Avec Les Sœurs Soleil, le petit cinéma de Jeannot Szwarc s’inscrit dans une veine comique française portée par la troupe du Splendid et surtout mise en scène par le réalisateur Jean-Marie Poiré, auquel il emprunte d’ailleurs ses tics de metteur en scène, à savoir un montage nerveux qui relie entre elles des séquences construites sur une montée en puissance burlesque – une action prend de l’ampleur, gonfle jusqu’à l’explosion, puis coupe –, une intrigue qui privilégie la forme du buddy movie, un humour volontiers trivial voire franchement grossier qui se repaît des caricatures qu’il représente.
Deux milieux sont ici ciblés : la petite bourgeoisie catholique (la famille d’Hachicourt) et le monde de la chanson populaire (Gloria Soleil et sa bande), rappelant au passage le clivage qui opposait en 1988 les Le Quesnoy aux Groseille dans La Vie est un long fleuve tranquille. Et la rencontre de ces deux milieux fait des étincelles, en dépit d’une surcharge permanente qui alourdit davantage qu’elle ne déclenche le rire : les chansons cristallisent de façon parodique les deux mondes desquels elles émanent, rassemblées enfin dans une composition chorale assez réussie ; la succession de retournements de situation et de quiproquos maintient en éveil le spectateur qui sait pertinemment que ce qu’il a sous les yeux est une farce, un film bouffon où les personnages sont grotesques et où le comique est utilisé sous toutes ses formes (mots, caractères, gestes, situations etc.).
Toujours sympathique mais jamais hilarant, Les Sœurs Soleil bénéficie d’un casting monté sur ressorts, de Marie-Anne Chazel en bonne maman catholique à Clémentine Célarié en chanteuse ratée et égoïste. Une comédie divertissante et alerte, qui souffre néanmoins d’une forme trop impersonnelle et trop sage pour conférer à l’ensemble une identité véritable (à la différence, entre autres, du cinéma de Jean-Marie Poiré).