Àlex de la Iglesia est surement l’un de mes réalisateurs espagnols préféré. Il est, selon moi, le maitre dans l’art du mélange des genres et ce depuis 1992 avec son premier film, « action mutante » (à voir !) et mon petit préféré, « le jour de la bête » (il faut VRAIMENT le voir). Chaque nouvelle œuvre de l’auteur est un évènement, car il est capable de nous proposer un deuxième niveau de lecture porteur d’un message fort sous la couverture d’une folie douce.
Je vous invite donc fortement à vous intéresser à ses œuvres, qui sont pour la plupart, vraiment étonnantes vous verrez !
Où placer ce film ? Difficile de répondre à cette question, le film se présente en abord comme une comédie burlesque à tendance misogyne. Néanmoins y voir un film misogyne serait passer à coté du message. D’un côté, les femmes sont vues comme la figure du mal, hystériques, perverses et méchantes : comme des sorcières. Mais de l’autre côté nous avons les hommes, idiots, incapables de prendre leurs responsabilités et attirés par l’argent. Le parallèle est mené avec brio, le réalisateur s’amuse avec l’éternel rivalité homme/femme sans jamais prendre parti pour un camp. Toute l’intrigue du film se base sur un butin de braquage, allégorie filée du mariage puisque le butin est constitué d’alliances.

Le rythme du film est en dent de scie – marque de fabrique du réalisateur - et se divise en deux parties bien distinctes.
La première qui introduit le contexte est un délire de gangster avec un braquage qui tourne mal. Trash et drôle, la réalisation est finement mené pour que le dosage soit parfait. On retrouve en effet un soldat de plomb, Bob l’éponge et Jésus Christ sortir les armes, normal me direz-vous.
La deuxième partie souffre d’un rythme un peu plus lent, laissant plus de place aux dialogues, et moins de place à l’action et à l’humour visuel. C’est dans cette partie que s’installe peu à peu le surnaturel. Un œil au fond des toilettes, une auberge où l’on sert de l’humain au menu. L’ambiance a changé, laissant tranquillement le spectateur glisser vers le troisième acte du film, qui a des faux airs d’orgie à la Matrix Reloaded.
Ce film enchaine les genres avec brio sans que l’on ne ressente aucun clivage, le changement ce fait naturellement et l’apparent laisser-aller du film n’en est rien. Tout est méticuleusement contrôlé et dosé. Seul bémol (mais pardonné, cela va de soi) le film flirte avec le divertissement mainstream : explosion à la fin, happy end, tous les clichés du genre. C’est dommage…

Cependant, regardez ce film ce soir, vous ne le regretterez pas ! C’est un bon point de départ pour découvrir l’étendue du talent de Àlex de la Iglesia car il propose un cinéma débridé, généreux de détails et rempli de folie.
Simon_L
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le 19 juil. 2014

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Smn Ljn

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