Bob L'éponge - triste Bob à l'irrévocable sort funeste - Jesus Christ, son fils, le soldat vert et quelques amis braquent une bijouterie. Que veux-tu, la crise règne en Espagne, il faut bien manger et nourrir le gosse de Jesus, fruit de l'immaculée conception et d'un douloureux divorce avec une mère enragée judicieusement surnommée "sorcière".
Incroyable débauche de couleur, réalisation virevoltante empruntant autant à l'action moderne qu'aux classiques de l'horreur et du fantastique - cette ambiance malsaine en plein jour, comme si une force obscure attendait son heure en coulisse, quel bonheur - ceci, disons-le, est du grand art, un orgasme cinématographique immédiat.

Bravo. Applaudissements nourris.

Mais vient l'heure fatidique de la rencontre.
Rencontre intime différée par une fuite sauvage en taxi avec fusillade et force péripéties (bravo bis).
Déception et désillusion. Vigoureux et convaincants dans l'action, nos héros avouent leur faiblesse à l'instant où leurs bouches s'activent pour aligner les mots qui seront des phrases qui se voudraient drôles. Humour potache et sexisme basique, vu et revu. Le bel anticonformisme initial cède place à un propos simpliste qui, s'il suscite par son enthousiasme, sa longévité et sa cohérence, le respect et quelques sourires, n'apporte que peu d'attrait au récit.

Pourtant, alors que s'intensifie l'intrigue et que s'affirment fantastique et surnaturel, l'impressionnante maîtrise d'un réalisateur, décidément à l'aise dans ses pantoufles, apparaît comme une évidence. Riche de clins d'œil et d'hommages au cinéma de genre, le film assume son postulat introductif jusqu'au bout, s'emballe et brise ses chaînes jusqu'à l'orgiaque sabbat pré-apocalyptique, grotesque et jubilatoire.

Décomplexé, franchouillard mais parfaitement mené, Las Brujas de Zugarramurdi souffre au premier abord d'un humour étrange et d'une morale douteuse. Il faut passer outre, cela dit, et le spectacle offert est alors jouissif et grandiloquent. Cet humour, discutable, ne souffre pas l'analyse ou l'intellectualisation - au risque de s'infliger une lamentable et inutile réflexion sur les rapports entre hommes et femmes - il est simplement le reflet de l'esprit d'un réalisateur qui s'autorise toutes les libertés et n'a assurément pas pour but de plaire au plus grand nombre ou d'offrir son âme aux sirènes de la facilité.
-IgoR-
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le 26 mai 2014

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-IgoR-

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