Les années 50, c'est la belle époque où les productions à base d'attaques extra-terrestres fleurissaient aussi bien dans le registre blockbuster que B-movie. Fred F. Sears, ici réalisateur, tente de nous livrer ce qui pouvait être de plus titanesque durant cette décennie. Effets-spéciaux bluffants (signés Ray Harryhausen, l'un des maitres du genre), avec des déformations visuelles dues aux boucliers magnétiques des vaisseaux réellement étonnantes, des incrustations pour la plupart réussies (si ça n'est l'utilisation de quelques stock-shots de piètre qualité, notamment lors de la destruction d'un B-29), et évidemment, blockbuster oblige, des scènes de destructions de villes (enfin une, Washington) où tous les monuments y passent, au travers de maquettes finement détaillées et un stop-motion aussi fluide qu'il pouvait l'être à l'époque. S'il fallait le comparer à une oeuvre plus contemporaine, Independence Day en serait celle la plus pertinente, tant le débordement patriotique est de mise (les aliens annoncent à tous les habitants de la Terre, et dans toutes les langues, qu'ils vont attaquer, et ne s'en prennent qu'à la capitale des States, ce qui, quand l'on verra un Chinois écouter cette nouvelle sur son poste de radio, laissera dubitatif). Hormis ce patriotisme et cette paranoïa typiquement Américaine, les erreurs d'écriture sont souvent présentes. Par exemple, lorsque les scientifiques analyseront le scaphandre d'un alien, ils le décriront comme impossible à détruire, même à de hautes températures, ce qui est paradoxal, surtout quand les bidasses les dégommeront à la carabine.
Bref, Les soucoupes volantes attaquent est un bon film de science-fiction, mais davantage orienté grand spectacle que pure anticipation. Il possède ses tares, en particulier venant des humains, qui ont eux-mêmes démarré les hostilités, et refuseront catégoriquement toutes offres d'armistice des aliens (à croire que bon gré mal gré le réalisateur voulait absolument servir une longue scène finale de guerre totale, quitte à ce que ses personnages paraissent avoir des réactions dénuées de sens, mais cela appuie le côté paranoïaque Américain ainsi que sa confiance en ses forces armées). Reste que l'on appréciera le moyen que trouveront les humains pour contrer leurs ennemis, bien plus judicieux et crédible que dans Independence Day.
Cette oeuvre aura d'ailleurs été une source d'inspiration indéniable pour de nombreux réalisateurs, Roland Emmerich, évidemment, mais également Tim Burton, ses soucoupes volantes étant des répliques parfaites, jusque dans les moindres détails (dont le canon en forme de petite parabole qui sort du dessous du vaisseau, sans parler du dialecte des aliens), et celui-ci aura même été jusqu'à remanier la scène de destruction du Washington Monument, emblème de la ville.
A noter que la version bluray propose une version colorisée, qui bien qu'elle soit de qualité, n'apporte rien, si ce n'est une dénaturation de l'oeuvre originale.
Pour conclure, si les films d'invasions extra-terrestres en noir et blanc sentant bon la production qui a bien vieilli vous plaisent vous aurez ici l'un des meilleurs représentants du genre, bien que son fond n'apporte pas de réelle réflexion, si ce n'est montrer l'état d'esprit Américain de l'époque. A l'inverse, si les sifflements de soucoupes et effets vintages ne sont pas votre tasse de thé, fuyez, mais il serait néanmoins dommage de passer à côté, tant son unique vision se révèle nécessaire pour mieux comprendre les films contemporains du même genre (a fortiori le film est assez court, 80 minutes, logique étant donné les effets-spéciaux qui ont dévoré le budget, en somme pas de quoi gâcher une trop longue partie de votre vie).
Mention spéciale pour Joan Taylor, radieuse, et bien que sa présence ait tendance à n'être qu'accessoire, s'octroie une bonne partie des répliques et impose une prestance et un charme indéniable grâce à une candeur éblouissante.
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