Quand j'étais gamin, ma VHS du premier film des Tortues ninja faisait partie de celles que je regardais le plus. Comme pas mal de gens de ma génération, j'étais aussi adepte du dessin-animé et sa musique de générique inoubliable, et je possédais un grand nombre de figurines (de Raphaël surtout, mon favori... juste pour la couleur rouge je pense).
J'ai revu le film aujourd'hui, après des années, lors d'un marathon Tortues ninja avec deux comparses.
Je ne savais pas du tout ce que j'allais en penser, craignant que je n'aime plus ce que j'adorais étant enfant.
Comme toujours dans ces cas-là, on se rend compte de choses qu'on avait raté quand on était plus jeune. Pour Les tortues ninja, j'étais avant tout surpris de voir qu'il s'agissait d'une production Golden harvest, la boîte à laquelle on doit tout un tas de Jackie Chan et autres classiques des films de kung-fu.
J'ai pu constater que le film que Raphaël va voir au ciné, ce n'est autre que Critters (petit classique du film d'horreur), j'ai découvert que c'était Elias Koteas qui jouait Casey Jones et, encore plus fou, on voit Sam Rockwell tout jeune dans un petit rôle de voyou.
Ce qui m'a étonné aussi, c'est la réalisation, plutôt soignée. L'intro qui dépeint la vague de crime qui déferle sur New York, malgré de petites touches d'humour, ne ferait pas tache dans un film plus sérieux. Et tout au long du film on peut remarquer des mouvements de caméra fluides et quelques bonnes idées de mise en scène (les lumières qui disparaissent, discrètement, autour des personnages, juste avant un flashback où tout se passe sur fond noir).
Le réalisateur Steve Barron et ses scénaristes semblent assez conscients des enjeux du film. Il s’agit de la première aventure live-action des Tortues ninja, j’imagine qu’en 1990, les gamins, n’ayant pas internet comme aujourd’hui, trépignaient de voir à quoi ressembleraient les 4 héros, qu’on ne voit pas en entier sur l’affiche d’origine.
C’est ainsi qu’on ménage leur apparition pendant 5-10mn.
Bon, je ne sais pas si c’est parce que je suis habitué, mais les tortues, bien qu’il s’agisse de mecs en costume, ne m’ont pas paru tellement ridicules. Même si… il s’agit de mecs en putain de costumes de tortues géantes ! Il faut dire que les costumes sont bien fichus, les animatronics sur les visages permettent d’avoir de bons mouvements des lèvres et des expressions très détaillées, notamment dans le regard.
Les animatronics des tortues et du rat avant leur mutation sont excellents ; ils ont un côté kitsch mais sont tout de même impressionnants.
Mais j’ai vraiment été étonné par la souplesse et l’agilité des acteurs, malgré leurs costumes ! Ils sont capables de sauter, donner des coup de pieds, se déplacer rapidement… Les costumes ont pourtant l’air encombrants à première vue…
Bien que les tortues ne se distinguent, physiquement, que par la couleur de leur bandeau, le film a le mérite de chercher à leur donner une personnalité différente… même si celui qui se démarque le plus est Raphaël, par son caractère et sa voix que je décrirais comme celle du stéréotype du black, qui aurait le nez bouché.
On a revu le film en VF ; comme le fait remarquer le recto du blu-ray, ce doublage agit comme une madeleine de Proust pour beaucoup (et on sent que les gens de chez Metropolitan, à qui on doit cette édition du film, sont passionnés), et moi je me délecte toujours des doublages rétros. Les tortues ninja nous gâtent par des expressions vieillottes comme "c’est la défonce, Alphonse", "elle est roublarde ! ", "qui c’est ça, Dark Vador dopé à mort ?", des insultes comme "âne atomique" ou "gueule de beurk", … Par ailleurs, encore quelque chose qui m’a surpris : la vulgarité de la VF ! On entend les héros sortir quelques "putain", dans une de leurs premières répliques, même ! Casey Jones balance même un "Salut, pédé" ! C’est sûr, on ne verrait plus ça aujourd’hui.
Mais beaucoup des répliques décalées viennent de l'humour très régressif du film : Casey Jones qui, voyant Raphaël, déclare "T’es quoi, une espèce de punk ? Je déteste les punks, surtout les chauves teints en vert".
L’humour est vraiment destiné aux gamins, et atteint des sommets de ridicule. Maître Splinter qui reçoit un bout de pizza sur la tête par exemple…
Et il y a des blagues totalement WTF, qui m’ont laissé circonspect. La blague d’April par exemple, quand elle dit être la "favorite" de Splinter… je ne comprenais pas ce qu’il y avait de drôle à l’époque, je ne comprends toujours pas aujourd’hui, et même les tortues ne savent pas comment y réagir.
Bizarrement, il y a des moments au ton plus grave qui s’avèrent efficaces, comme les conversations entre Splinter et Danny, un adolescent qui cherche ses repères.
Et malgré l’humour grotesque des tortues, Shredder a vraiment la classe. La cérémonie où il accepte un homme parmi ses rangs impose le respect, parce que le réalisateur la prend au sérieux.
De plus, pour avoir vu les deux suites juste après ce film-ci, il faut avouer que ce premier Tortues ninja est relativement bien écrit malgré toutes les blagues navrantes : le scénario est simple mais cohérent avec son univers, il y a des efforts pour développer les personnages, on passe d’une ambiance à une autre sans accrocs, et on ne s’ennuie à aucun moment.
Autre grand plaisir pour moi : la BO ! Aussi bien les thèmes musicaux et les chansons du film sont excellents, et ont cette touche 80’s que j’aime tant (même si la sortie cinéma s’est fait en 1990…).
Contrairement à Retour vers le futur ou Ghostbusters, que j’adorais étant plus jeune et que je trouve formidables encore maintenant, le film des tortues ninja s’adresse surtout à des enfants.
Cela ne l’empêche pas de rester un très bon divertissement, que je reverrai avec plaisir.
EDIT : Pour en savoir plus sur le film, j'encourage vivement à acheter le superbe blu-ray édité par Metropolitan, et à lire cet article :
http://www.hollywoodreporter.com/news/teenage-mutant-ninja-turtles-untold-785653?facebook_20150402