Il faut d'emblée l'avouer, ce film fait partie de ces petites denrées nostalgiques qui perdent leur croquant au fil des revisionnages, nous plaquant chaque nouvelle fois devant la déception cruelle d'un souvenir ancien bien trop enjolivé par le temps et l'euphorie infantile définitivement endormie.
Que dire. Les costumes de l'illustre Jim Henson, parfaits en leur temps pour faire rire une pléthore de gosses fans du dessin animé ont endossé le poids du factice et du "désuetement rigolo", arborant parfois à contre coeur l'apanage du ridicule, présentant les chevaliers d'écailles engoncés dans leurs armures en mousse flexible tentant le tout pour le tout pour suivre des petites et laborieuses chorégraphies martiales qui, si elles n'ont pas vraiment le charme de vrais films d'arts martiaux, ont le mérite de tracer un sourire sur les vestiges du marmot qui doit bien se terrer quelque part en vous. Et ce film se retrouve toujours avec un certain petit plaisir étrange bien qu'ayant franchement vieill...
Mais... qu'est ce que j'fous là ?? Bordel mais j'essaie d'être objectif.. ça n'a pas de sens ! Excusez moi, je reprends.
Les Tortues Ninja est un film tout bonnement génial. Oubliez mon premier paragraphe, c'est n'importe quoi. Ou alors relisez le en rajoutant "mais on s'en fout" derrière chaque argument.
Ce film est pour moi : 1 : La meilleure adaptation de comics, 2 : Le meilleur film de Super Héros.
Je sais que c'est nostalgique, je sais bien. Mais pas que ! (et "mais on s'en fout")
J'aime pas les adaptations de super héros au cinoche, et cette nouvelle tendance actuelle n'est pas vraiment pour particulièrement me réjouir. Mais en revanche, j'aime les trucs avec des scénarios débiles.
Pour un bon film de super héros, il faut oublier toute idée de crédibilité pour que je puisse en profiter un max.
Un gars entraîné par un clan de ninjas, même si tu l'habilles en chauve souris avec des oreilles de chat, ça m'plait pas.
Un gars mordu par une araignée radioactive qui se met à tisser de la toile... ah ouais, ça c'est déjà mieux..
Un gars irradié qui se transforme en gros tas vert et détruit la ville, c'est pas mal non plus dis donc.. Mais il manque un truc...
Des tortues mutantes bouffeuses de pizzas portant des noms de grands peintres de la Renaissance, vivant dans les égouts et entraînées à l'art du ninjitsu par un rat tout aussi mutant... Wow.. ça ça déchire !
Et c'est ça justement, ce film déchire, tout comme la série (première du nom) déchirait ! Rien à foutre que les costumes suintent le caoutchouc balotant par moment ou frisent le risible lors d'expressions faciales on ne peut plus loufoques, ces costumes sont les Tortues ! Et elles ont la classe.
Ce premier film est emprunt d'une atmosphère quelque peu sombre et presque crasseuse à l'image du premier comics, drainant l'ambiance du bon film de série B des 90's avec lui, la musique au synthé de John Du Prez accompagnant une cascade de scènes toutes plus excellentes les unes que les autres devant lesquelles je n'puis m'empêcher de frissonner d'exaltation (rien à battre). Entre l'intro dans les égouts avec le titre vert pétant appraissant en gros sur l'écran, le combat de Raph contre Casey Jones après être sorti d'une séance ciné (où on voit l'affiche de Critters, une savoureuse ambiance Bis j'vous dis), le combat du même Raph sur les toits contre le clan des Foot, puis Mikey faisant sa démo de nunchaku avec l'air moqueur le plus épique du monde, Donnie jouant du Bô à tout va (il en profite, son arme à lui ne découpe rien, il peut se faire plaisir, y aura pas de sang), et Léo, grande classe, qui parvient à blesser Shredder lors du combat final !
Le reste du casting est tout bonnement parfait, Shredder en impose grave et Splinter a une gueule purement excellente de rongeur décrépi dans un style qu'on ne retrouvera plus jamais à l'écran. Elias Coteas trouve le rôle de sa vie (TOUTAFÉ) en Casey Jones qu'il campe on ne peut plus bien, cool et sarcastique. Et enfin April s'en sort plutôt bien, on ne la voit pas trop de toutes façons et ça lui évite d'être insupportable. Et puis elle fait des aquarelles des tortues, et elles sont plutôt réussies.
Alors moi j'dis, en tant que fan absolu de cette franchise née d'un délire entre Kevin Eastman et Peter Laird, deux fans de Frank Miller qui discutaient autour d'une pizza et quelques bières, que ce film est à déguster encore et encore en savourant cette merveilleuse ambiance de Série B qui s'en dégage en généreux geysers tellement emprunts du délire de base, avant que Michael Bay ne déboule avec ses Teenage Alien Mecha Bot Megan Fox Ass Ninja Turtles et dégomme cet esprit du comics d'origine si doux, fun et alléchant comme une bonne 4 fromages.
http://www.youtube.com/watch?v=4VCzWpMsDTg