Ou comment un Français a donné le Canada aux Anglais...

Un bon film d'aventure, certes vieillot et disposant de peu de moyens, mais bien fichu et assez drôle. Le petit Paul Muni et le géant Laird Cregar, qui interprètent les trappeurs, explorateurs, aventuriers et coureurs des bois Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseilliers, forment un duo sympathique, le premier retors et gouailleur, le second bon vivant et castagneur. Jetés en prison par le gouverneur de Nouvelle-Angleterre, les deux compères y font la connaissance d'Edward Crewe (John Sutton), un jeune noble anglais en exil. Tous trois s'évadent, et atteignent Montréal où ils proposent aux autorités françaises de monter une expédition vers la baie d'Hudson, où selon Radisson abondent les castors et leurs précieuses fourrures. De retour du Grand Nord avec trois cent mille peaux, ils sont à nouveau emprisonnés, cette fois-ci par le gouverneur français qui y voit un moyen rapide et facile de montrer à son roi son efficacité. S'échappant une fois de plus de prison, le trio gagne alors l'Angleterre. Malgré sa disgrâce, Lord Crewe se présente devant Charles II (Vincent Price) en espérant regagner ses faveurs en lui proposant de créer une compagnie commerciale. Si à l'époque le Québec est bien français, la baie d'Hudson n'est alors sous aucune souveraineté, et accessible directement par voie maritime sans passer par le fleuve Saint-Laurent... Après quelques atermoiements, le souverain britannique accorde la promesse d'une charte royale au trio, qui repart aussi sec décimer du rongeur...


Un petit film sympa, donc, porté par l'excellent Paul Muni qui régale par son improbable accent français (« Oui monsieur, certainement ! ») et sa façon de se sortir de situations bien mal embarquées. Entre deux comptines bien de chez nous chantées à tue-tête (Dodo, l'enfant do ou Auprès de ma blonde !), un refrain sur l'amour du Canada, future nation « où tout le monde pourra vivre heureux », et deux ou trois scènes de randonnée dans la neige et de descente de rivière à canoë, ce film bon enfant étonne aussi par son discours résolument pro-indien, une décennie avant La Flèche brisée et La Porte du diable. Basé de manière plus ou moins exacte sur des faits historiques, Les Trappeurs de l'Hudson est aussi le deuxième film de la carrière de la toute jeune Gene Tierney, cantonnée ici au second rôle de la fiancée d'Edward Crewe, mais déjà fort gracieuse et avenante.

Créée

le 27 févr. 2018

Critique lue 244 fois

8 j'aime

2 commentaires

The Maz

Écrit par

Critique lue 244 fois

8
2

Du même critique

La Tour sombre
mazthemaz
5

Une petite bafou-bafouilleu...

Étonnant... Je viens de voir ce film qui s'intitule La Tour sombre, mais qui n'a rien à voir avec l'excellentissime série de romans de Stephen King... Et pourtant, j'ai bien cru voir le nom de...

le 18 oct. 2017

27 j'aime

6

La Main au collet
mazthemaz
7

Copycat

La Main au collet est la preuve indiscutable qu'autrefois, la Côte d'Azur n'était pas bétonnée... Qui l'eut cru ? Tourné durant l'été 1954, le vingtième film américain d'Alfred Hitchcock, qui s'ouvre...

le 3 mai 2017

26 j'aime

12

Une femme disparaît
mazthemaz
8

Le Maître du suspense... comique !

Un film qu'on pourrait qualifier de jeunesse, bien qu'Alfred Hitchcock eut alors près de 40 ans, tournât son seizième long-métrage parlant et s'apprêtât à quitter son île natale pour les États-Unis...

le 4 avr. 2017

25 j'aime

10