Entre le film original d'Eiichi Kudo (1963) et le remake de Takashi Miike (2010), il y a ce très bon téléfilm produit par Fuji TV dans le cadre de son programme spécial Jidai-geki (c'est un one-shot après l'émission hebdomadaire de 1981-1984). Avec un casting réunissant autour de Tatsuya Nakadai dans le rôle principal, des seconds rôles comme Tetsurô Tanba ou Ken Tanaka, je me suis dit que le film devait présenter un certain intérêt et justifier que je suive pour la troisième fois cette intrigue historique. Si l'on y ajoute une bande-son signée du grand Masaru Satô, on ne peut que souligner la qualité de cette production.
Le point de départ de cette intrigue est le dérapage d'un chef de clan, le seigneur Matsudaira, demi-frère du shogun lui-même et appelé à intégrer le Conseil des Anciens, l'organe exécutif le plus élevé du shogunat. Matsudaira, qui est à moitié fou et très brutal, se sent également intouchable à cause de ses liens de sang avec la branche familiale du shogun. Profitant d'une invitation dans un fief voisin, il viole la fille d'un des vassaux et tue son mari. Découvrant l'affaire, le Conseil des Anciens par l'intermédiaire du conseiller Doi (Testurô Tanba) va secrètement ordonner à un homme de confiance, Shinzaemon (Tastuya Nakadai), d'assassiner le seigneur fou. Pour mener à bien sa mission, Shinzaemon va recruter douze samouraïs qui devront tendre une embuscade à Matsudaira lorsque son escorte est la plus réduite, lors d'un déplacement entre la capitale et son fief. Mais les treize samouraïs doivent néanmoins affronter deux-cents hommes d'escorte dont le redoutable Hanbei Kito dans ce qui s'apparente à une mission-suicide pour sauver l'honneur du code du samouraï, le bushido.
Dans la version originale, le combat final de trente minutes entre les treize samouraïs et la cinquantaine d'hommes d'escorte de Matsudaira constituait un record tant en termes de durée que du nombre de protagonistes impliqués. Une référence du genre. Tout est assez fidèlement reproduit ici, dans une mise en scène soignée. On pourra regretter par rapport au film original le manque d'épaisseur donnée à l'antagoniste, le seigneur Matsudaira dont la cruauté exacerbée doit justifier la mise en place de l'intrigue mais que l'on découvre brièvement au début du film avant de ne le retrouver que dans les séquences finales. De la même manière Miike dans sa version moderne donnera plus de corps aux différents samouraïs ainsi qu'aux préparatifs de l'embuscade -- dans un sérieux assez rare chez le réalisateur. Bon, le format est réduit d'une demi-heure, ce qui peut expliquer cela.
Une bonne production cependant pour un tel format. Tatsuya Nakadai est toujours impeccable et justifie à lui-seul que les fans de chanbara s'intéressent à cette version.