Si ce film d'animation est l'un de mes longs métrages préférés, c'est pour bien des choses. Tout d'abord, c'est un film qui d'après moi est multigénérationel. Ayant découvert ce chef d'oeuvre assez jeune, j'ai pu l'apprécier pour ses dessins très travaillés, ainsi que pour son histoire. Etant maintenant plus adulte, en le revoyant, je m'aperçois qu'il s'agit de bien plus que d'un simple dessin animé pour enfant.
Sylvain Chomet a travaillé ses dessins pour montrer bien des choses: une multitude de références, déjà, notamment à Jacques Tati, à La Vache qui Rit, à une accordéoniste très célèbre de l'époque, à Mickey Mouse, mais aussi à ses précédents courts métrages. Rien, même dans le moindre détail, n'est laissé au hasard, et c'est ce qui rend ce travail unique. Tous les accessoires présents dans la maison de Madame de Souza, la grand mère de notre personnage principal, Champion, sont des références aux maisons classiques d'un foyer français des années soixante. Malgré un mode de vie assez pauvre comme nous pouvons le deviner, nous pouvons ressentir une chaleur, un amour, émanant de cette maison que je trouve magnifique.
Les personnages aussi sont très travaillés. Madame de Souza, pour son côté "bancal" pourra faire rire. C'est d'ailleurs le personnage que je trouve le plus touchant. Souffrant de difficultés physiques, elle sera dévouée tout le long du film pour son petit fils (qui aurait d'ailleurs perdu ses parents comme nous le montre le livre de photos sous son lit).
Beaucoup de personnages, notamment le mécanicien, sont présentés de façon informe, et presque de façon très animalisée, ce qui peut montrer l'enchainement à un corps de métier, à une fonction, problème malheureusement encore très présent dans notre société actuelle.
Il me semble pertinent de parler rapidement des choix stylistiques qui sont proposés. Les personnages ne parlent pas, mais nous avons une compréhension très claire de l'histoire. Le personnage de Champion, totalement muet, reflète bien son caractère très distant.
Nous pouvons voir aussi beaucoup de systèmes de boucles (Champion tourne en rond sur son vélo, le petit train en plastique tourne en rond, le chien de même, la roue du vélo tourne indéfiniment). Cela peut exprimer une monotonie très claire dans le style de vie très simple de ces personnages qui n'ont pas de contrôle sur les évènements.
Enfin bon, nous ne sommes pas ici dans une analyse mais dans une critique. J'ai souhaité revenir sur ces éléments pour souligner le travail de Sylvain Chomet, qui à mes yeux est extraordinaire, notamment dans un cinéma français actuel que je trouve très pauvre. Nous avons un film d'animation riche en beauté, d'un point de vue artistique mais aussi d'un point de vue stylistique.