Les trois frères, le retour
Malheureusement, Les Inconnus ne sont pas comme le bon vin, il ne se bonifie pas avec le temps. C’est le dur constat qui s’impose à la vue de leur dernier film. Premièrement, rien que le nom du film ne respire pas l’imagination, « Les trois frères, le retour ». Qu’on se le dise tout de suite, ce long métrage est un produit low-cost, qui ne fourmille d’aucune idée scénaristique ou même narrative, comme le laissait présager leur campagne de publicité désastreuse (l’horrible sketch avec les excellents Palmashow) ou même leur bande annonce affligeante. Dès les premières minutes, on commence à craindre le pire avec cette présentation des personnages has been, les mettant en scène dans des situations plus que navrantes (Campan jouant à l’éternel débile à l‘humour gênant, ou Bourdon qui vend des sex toys sur internet sur le parking d’un supermarché), sans oublier de les voir jouer dans une mise en scène presque aussi affligeante qu’un piètre épisode de Plus Belle la vie tout en étant accompagné d’une petite musique champêtre directement sortie d’un mauvais téléfilm de TF1. Mais outre cette histoire de recouvrement de dettes, qui va les obliger à faire un petit bout de chemin ensemble dans des séquences plus que rocambolesques, le plus embêtant est de voir ces trois compères se vautrer avec autant de facilité dans cet empilement de petites saynètes à l’humour plus que désuet. Ce qui faisait la réussite et toute la qualité de l’écriture des Inconnus était cette faculté qu’ils avaient à parodier le monde dans lequel il vivait tout en y ajoutant une petite part de vérité. Ici on est bien loin de « Eh manu tu descends ». Aucune situation ne fait mouche, tournant parfois au ridicule, voire craignos, comme cette scène d’intimidation entre un mec de banlieue et les trois frères. Ils n’ont plus cette capacité à se travestir avec le poids de l’âge, à l’image de la scène de la Banque avec Campan déguisé en adolescent attardé téléphone à la main, qui est d’un cliché inoffensif et jamais corrosif. On voit juste le spectacle de trois hommes, qui semblent dépassés par les événements, à l’écriture presque indigente. Comme ils ont perdu tout talent pour l’écriture, ils se réfugient derrière leurs anciens travaux, et tombent dans le cynisme le plus hypocrite avec de nombreuses références presque copiées/collées (le coup de la prise de drogue). S’enfonçant dans le ridicule n’est pas leur simple fait d’armes, puisqu’ils agrippent la jeune Sofia Lesaffre dans leur chute avec un rôle ingrat, avec son coté racaille des bacs à sable, et un phrasé mélangeant faussement verlan et vocabulaire « wesh ». S’amuser des clichés, quitte à en faire des tonnes n’est pas un problème en soi. Malgré toute la sympathie qu’on peut avoir pour le trio, les Inconnus offre ici un film, qui comme on pouvait l’imaginer, s’inscrit dans la droit lignée de cette hégémonie du cinéma français pour des comédies sans scénario, aux punchlines inexistantes. Mais à quoi bon changer une équipe qui gagne, tant qu’il y aura des pigeons comme moi, pour remplir les salles devant ce genre de spectacles infâmes…