Mortal Kombat. Even Horizon (pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’un film de science-fiction à l’ambiance angoissante). La saga Resident Evil (dont il est producteur et scénariste, en plus d’avoir réalisé le premier, le quatrième et le cinquième opus). Le premier épisode d’Alien vs. Predator. Le remake Death Race (ou Course à la Mort en VF) avec Jason Statham dans le rôle principal. Et… Les Trois Mousquetaires ??!! Que peut bien faire un tel titre dans la filmographie d’un adorateur des jeux vidéo et de la geek attitude tel que Paul W.S. Anderson ? En voyant cela, il faut vraiment s’attendre au pire, d’autant plus que le réalisateur est spécialement connu pour les traitements plus que discutables qu’il réserve à ses propres films.

Le jeune D’Artagnan (Logan Lerman), lors de sa venue sur Paris, rencontre les mousquetaires Athos (Matthew Macfayden), Porthos (Ray Stevenson) et Aramis (Luke Evans), qui ont perdu tout espoir envers le royaume depuis leur dernière mission à Venise. Où ils ont été trahis par Milady de Winter (Milla Jovovich), qui leur a dérobé les plans d’une machine pour le compte du duc de Buckingham (Orlando Bloom). Mais leur rencontre avec leur nouvel allié va regonfler nos héros, qui vont dès lors se pencher sur un complot orchestré par le cardinal de Richelieu (Christoph Waltz), en compagnie de Milady et du duc de Buckingham, visant à empêcher le règne de Louis XIII (Freddie Fox) et faire plonger l’Europe dans une guerre.

Le terme « adaptation » fait toujours débat, il faut bien le dire. En effet, de la part d’un film qui reprend une autre œuvre, beaucoup attendent que le long-métrage soit le plus fidèle possible. Limite qu’il reprenne ligne par ligne (s’il s’agit d’un livre) le bouquin d’origine. Or, où est l’intérêt de faire cela ? Le but d’une adaptation étant l’occasion au réalisateur et/ou scénariste de livrer sa propre version de l’œuvre. Mais même là-dessus, nous faisons toujours nos difficiles : Da Vinci Code a été critiqué pour son côté retranscription totale du livre, la saga Resident Evil pour son incroyable manque de fidélité au jeu vidéo (surtout au niveau de l’ambiance, moi le premier)… Donc, essayons de prendre les choses telles qu’elles sont, notamment quand le film en question porte les mentions « basé » ou « d’après », comme ces Trois Mousquetaires version Anderson.

Dès lors, on sait seulement que quelques détails du livre d’Alexandre Dumas seront repris pour informer que nous avons bien affaire à son œuvre (les personnages, les relations qui les unissent, l’époque, les trames secondaires…). Sans empêcher le réalisateur de livrer un délire pleinement assumé. Et c’est ce qu’est Les Trois Mousquetaires, au risque de scandaliser les fans incontestés de Dumas. Avant, nous avons bien eu le Van Helsing de Stephen Sommers et Hansel & Gretel : Witch Hunters, qui ont été de petits succès commerciaux. Alors pourquoi pas Les Trois Mousquetaires ? Pourquoi pas les transformer en espèce de combattants aventureux ? Pourquoi pas faire de Milady un ninja le temps d’une séquence ? Pourquoi pas mettre en avant des bateaux-dirigeables, dignes de Léonard de Vinci ? Anderson assume son parti pris, et ce dès le début (l’ambiance et la présentation des personnages style bande-dessinée qui rappellent le Sherlock Holmes de Guy Ritchie, avec Robert Downey Jr.). Culoté, il faut bien reconnaître cela ! Ne jetons pas la pierre dès les premières images du film !

Cependant, ce n’est pas tout d’assumer un tel parti. Faut-il encore l’exploiter correctement ! Et sur ce point, Les Trois Mousquetaires est un ratage complet ! Le seul moment de réussi : la scène d’introduction, classe, qui nous promettait une histoire d’aventure avec son lot de combats, de personnages hauts en couleurs, d’accessoires délurés et autres. Mais non, ça s’arrêtera à ces 10 premières minutes. Délire ou pas, Les Trois Mousquetaires doit proposer des duels de cape et d’épée. Vous rêvez ! Vous aurez juste droit à une bataille lors de la première demi-heure et un face-à-face pitoyable sur le toit de Notre-Dame. Un délire d’action ? D’accord, je suis partant ! Mais je le cherche encore, même après le générique de fin ! Le reste du film : du blabla à rallonge assaisonné de répliques débiles (notamment quand rentre en scène ce gamin de Louis XIII et ses jérémiades incessantes). Où les effets spéciaux sont franchement dégueulasses à voir (surtout les numériques) et la mise en scène d’une platitude exaspérante à tel point que nous avons l’impression d’avoir un téléfilm et non un long-métrage de cinéma.

Et que dire du casting, à part qu’il est d’une inégalité montrant que Paul W.S. Anderson préfère s’occuper du rendu de ses films plutôt que la prestation des comédiens ? Ces derniers étant constamment en roue libre. Nous avons du bon, comme pour nos trois mousquetaires (surtout Luke Evans) et un Orlando Bloom qui s’éclate. Une déception venant de l’immense Christoph Waltz, qui ne se lâche nullement alors que nous l’avons connu en meilleur forme dans Inglourious Basterds et The Green Hornet (et plus tard dans Django Unchained). Un Logan « Percy Jackson » Lerman au charisme d’huître qui transforme à lui tout seul le film en sorte de teenage movie indigeste de part son amourette niaiseuse. Et enfin, une Milla Jovovich toujours aussi mauvaise qui ne doit sa place au générique que par son statut de femme du réalisateur. Et encore, je n’ai pas parlé des rôles secondaires (Freddie Fox, Juno Temple…) mais vaut mieux ne pas s’y attardé.

En y regardant bien, Les Trois Mousquetaires aurait très bien pu être un divertissement style hollywoodien de bonne facture et osé au possible, s’il avait été pris en main avec savoir-faire. Or, dans ce long-métrage, tout semble à jeter tant nous avons l’impression d’avoir un produit fait à la va-vite et sans génie pour faire passer la pilule. Voire même un nanar bien mieux réussi que les derniers Resident Evil en date (Afterlife et Retribution, et appréhendons le sixième qui va prochainement entrer en production) mais n’arrivant pas à titiller notre attention. Du coup, que l’on soit fan ou pas de l’œuvre du Dumas, nous nous retrouvons tout de même outrés par un tel résultat. Qui prouve au passage que Paul W.S. Anderson ne doit sa renommée que pour s’être attaqué à l’adaptation de jeux cultes (Mortal Kombat et Resident Evil).

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