Première tentative américaine d’Alain Delon, ce polar adapté d’un roman de John Trinian, également auteur de Mélodie en sous-sol, vaut surtout pour une scène de casse particulièrement bien mise en scène et l’heureuse utilisation des décors industriels de San Francisco. Sinon, les clichés du genre sont au rendez-vous dans cette histoire si souvent vue du gangster rangé des affaires poussé par les circonstances à faire un dernier coup, celui de trop bien sûr… Dans ce rôle de félin à la fois mélancolique et nerveux, Delon est parfait face au flic haineux et rancunier interprété par un Van Heflin vieillissant mais toujours excellent. Si Jack Palance comme à son habitude est parfaitement crédible en gangster, on peine à croire qu’il puisse être le frère de Delon! Parmi les seconds rôles, on retient la composition mémorable de John Davis Chandler en psychopathe albinos totalement terrifiant. Par contre on ne saurait en dire autant d’une Ann-Margret très mal dirigée, aussi énervante en amoureuse voluptueuse qu’en ménagère geignarde ou en mère hystérique. Sans doute son rôle a-t-il été étiré pour des raisons de marketing sans que le scénariste (le romancier lui-même) sache bien quoi en faire. Ce qui donne au film des airs de croisement bâtard entre mélodrame social façon Rocco et ses frères et film noir du genre Quand la ville dort, sans arriver à la cheville de l’un ou de l’autre. Bonne musique de Lalo Schifrin et formidable solo de batterie sur un générique percutant très réussi.