Entre deux mondes
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En tant qu’outil, le cinéma nous permet de dire le plus en montrant le moins. Steve McQueen a lui-même cette problématique en tant que réalisateur: « Comment je peux donner le plus d’informations possibles en un seul plan? »
Il part d’un postulat aussi simple que le film de braquage et se l’approprie en s’inspirant d’une série britannique des années 80 mettant en scène 4 femmes veuves d’origines diverses qui préparent un braquage. De cette idée, il tisse tout autour une multitude de sous-intrigues qui se rejoignent les unes les autres, avec un sens de la narration que ne renierait pas Christopher Nolan. La passion, le deuil, la corruption, la haine, la violence, le racisme, la trahison, le stress... Oubliez Ocean’s 8 et les paillettes, ici on est ancré dans la réalité, où chaque erreur peut être fatale.
Dans ce film où évoluent un grand nombre de personnages, il réussit à donner la place adéquate à chacun d’entre eux et à leur donner un trait de caractère fort, et même à enrichir les relations que certains entretiennent avec une succession de scènes très brèves mais au combien efficaces.
C’est cette problématique qui bonifie le film en racontant autant de choses en si peu de temps, ce qui le fait foisonner et lui donne un sens de l’urgence, d’avoir un impact aussi vite que possible au détour d’une séquence de 30 secondes, sans pour autant nous perdre dans la confusion.
Il explique parfaitement à propos de la séquence d’ouverture: « Le but est de faire réagir le spectateur. On le caresse, et là une baffe, on le caresse encore, et une baffe à nouveau. » Il faut voir ça comme une montagne russe avec du cœur.
Et qui mieux que Hans Zimmer pour la mettre en musique? Presqu’une heure s’écoule sans la moindre intervention musicale, afin de laisser le temps au film de se mettre en place, de ne pas s’introduire de manière artificielle pour «combler le vide ». On sent à l’écoute que l’expérience de Dunkerque lui a servi pour Widows, tant le thème utilise le même procédé du métronome qui nous rappelle l’épée de Damoclès qui trône au-dessus de ces quatre femmes courageuses et le temps qui s’écoule inéluctablement vers le sort qui les attend. On peut interpréter aussi une envie de McQueen de relâcher cette tension par le biais des divers flashbacks qui étoffent la relation entre les personnages de Veronica et Harry, et donnent au film une dimension tragique, avec cette femme qui subit autant mais ne fuit jamais ses responsabilités.
Widows me conforte dans l’idée que Steve McQueen est un grand cinéaste, qui en quatre films a prouvé plus de talent et de maîtrise que beaucoup en toute une carrière. Il m’a aussi permis de confirmer le potentiel d’une actrice à la filmographie naissante, Cynthia Erivo, qui m’a déjà pris par surprise dans Bad Times at El Royale, et qui gagne ici sa place parmi ce casting cinq étoiles.
PS: le titre de la critique tient du fait que la séance s’est déroulée à proximité de l’exposition Michael Jackson qui battait son plein, mais qui heureusement ne m’a pas détourné de l’essentiel, et m’encourage même à le revoir dans de meilleures conditions.
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Créée
le 22 nov. 2018
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