Si l’accent vendéen à couper au couteau et le caractère bourru des personnages amusent au début, reconnaissons qu’ils agacent vite puisqu’ils semblent ne constituer que la finalité de l’entreprise artistique de Gilles Grangier. Film bavard, très écrit – trop écrit ? – par Michel Audiard, Les Vieux de la vieille égraine quelques belles idées de mise en scène le long d’un champ bourbeux dans lequel nous nous enlisons péniblement : il y a ce trajet en miroir des trois compères que viennent réfléchir trois enfants se promenant en sens inverse, sorte de retour en arrière empreint de nostalgie ; il y a aussi la pratique du commérage qui utilise le montage pour trahir le secret gardé ; il y a enfin cet ultime ballon au fond du puits qui achève de représenter la malice du trio. Mais fallait-il pour autant sacrifier le rythme sur l’autel de la camaraderie ?
La boiterie du long métrage est la suivante : l’écriture ciselée des dialogues confère aux scènes une dynamique que le récit étouffe, tue dans l’œuf, là où le roman de René Fallet construisait son rythme sur les échanges verbaux – ils emportaient le lecteur, faisaient de lui un spectateur tout autant qu’un intime se familiarisant peu à peu avec le parler vendéen. En résulte une impression de sur-place qui dessert considérablement le film, sauvé par une poignée de séquences amusantes – pensons à la dispute sur le bord de la route qui conduit les amis dans des véhicules différents lancées dans des directions opposées.