J’ai longtemps repoussé le visionnage des Visiteurs La Révolution. J’avais loué un coffret avec les trois films et il était temps que je le rende, mais il fallait que je regarde ce film, il le fallait ! Je craignais l’ennui, la dépression, la perte de foi pour l’humanité. Déjà que je n’avais guère apprécié le second film, je pensais que ce troisième volet allait être une catastrophe.
Et oui… c’est une catastrophe. Le truc avec ce film, c’est qu’il n’y a rien. Il n’y a pas de scénario, il n’y a pas de mise en scène, il n’y a pas de direction d’acteur, il n’y a pas de musique, pas d’histoire, c’est le vide, le néant total, c’est… la désolation.
Il fallait s’y attendre, rares sont les suites sorties des décennies après le précédent volet qui arrivent à être de bons films au minimum regardables. Mais dans l’effet, regarder Les Visiteurs La Révolution, c’est une mise à l’épreuve contre l’ennui, c’est plonger dans un univers sans musique, sans lumière, sans humour, un univers simplement rempli… de caca.
L’humour de ce film (si on peut appeler ça de l’humour), ne tient qu’à une seule chose : le caca. Ça pète, ça insulte, c’est vulgaire, les personnages mangent de la merde, ont la chiasse, on parle constamment des couilles de Jacqouilles, bref, c’est crade, écœurant, mais aucunement marrant.
C’est con parce que j’avais commencé le film avec un certain optimisme. L’intro était quand même pas mal avec ce combat dans la forêt au Moyen-Age. Je retrouvais cette réplique tant adorée « Que je trépasse si je faibli ! », Jacqouilles était utile au combat, à sa façon. J’avais même rigolé à un certains moment (quand Jacqouilles tire à l’arbalète pour se rendre compte qu’il a visé un allié). Et c’est certainement le seul moment où j’ai esquissé un sourire durant ces interminables 1h45.
Car une fois que l’on retrouve nos deux compères moyenâgeux au temps de la révolution, plus rien n’a de sens. Les personnages parlent pour rien dire, le montage est brutal, les plans durent rarement plus de deux secondes, c’est incompréhensible, et on reste là, à subir cette infamie.
J’ai failli m’arrêter, inconsciemment. Je me sui levé, et je me suis dirigé vers mon lecteur Blu-Ray, avant de me rendre compte de ce que je faisais. Alors avec dépit, je me suis rassis, j’ai regardé dans combien de temps allait s’achever ce supplice, et j’ai soupiré (putain, encore une heure).
Ce qu’il y a d’assez dingue, c’est que le film est un Visiteur. Il a l’humour des premiers films, le même style de montage un peu rapide et incompréhensible, Jacqouilles gesticule dans tous les sens, mais là, c’est trop. Juste, on en peut plus, les pitreries de Jacqouilles, j’en ai ma claque, il était marrant dans le premier, frôlait le lourdingue dans le deuxième, mais là, j’ai envie de lui décerner la médaille du mec le plus insupportable de l’univers.
Et pourtant, Jacqouilles n’est qu’un parmi tant d’autres. Tous les acteurs sont insupportables, tous les personnages sont vides de sens, agissent sans logique, disent des choses absurdes. Dans ce genre de film, comme dans le premier Visiteur avec le dentiste, y a toujours quelqu’un d’intelligent pour remonter un peu le niveau et critiquer les cons, mais là, tout le monde est con. Que ce soit les révolutionnaires, les aristocrates, Godefroy et Jacqouilles, tous sont des idiots décervelés insupportables qui parlent de pisse et de merde. Même Robespierre est une grosse merde, y a toute une séquence où il a la chiasse, et c’est censé être drôle ! Franck Dubosc, Ary Abittan, Alex Lutz, Christian Clavier, Karin Viard, Marie-Anne Chazel, tous jouent comme des merdes et on aurait pu penser que comme dans le deuxième film, Jean Reno réhausse un peu le niveau, mais non ! Reno est fatigué, pendant tout le film, il semble lassé de ces conneries, il est là, posé dans le décor, il a droit à quelques répliques, mais il ne fait rien. A plusieurs reprises, il dit qu’il faut aller sauver le dauphin retenu prisonnier par les révolutionnaires pour qu’il devienne roi, mais à aucun moment il ne s’attelle à la tâche, à aucun moment il ne prévoie un plan pour sauver le dauphin et retourner à l’époque moyenâgeuse. A la fin, il croise le descendant de l’enchanteur, lui demande de le ramener à son époque, et c’est tout ! Mais… PUTAIN !
Y a aucune évolution dans le récit, les personnages restent cloîtrés dans un immeuble à attendre on ne sait quoi tandis que Jacqouille pète, rote, insulte et pisse sur les gens !
Et y a pas de fin ! Genre… le générique arrive, et rien n’est achevé. Godefroy et Jacqouilles sont encore dans la merde (c’est le cas de le dire), ils sont en plein milieu de l’action, et tout à coup, Jacqouille gueule « HOURRA C’EST PLUS LAÏQUE », et générique ??? Mais… Mais… mais
C’est quoi ce film ? C’est quoi ces acteurs ? C’est quoi ces lumières ? C’est quoi ce montage ? C’est quoi cette mise en scène ? C’est quoi ces maquillages ? C’est quoi ces costumes ? C’est quoi ces musiques ? C’est quoi ce scénario ? C’est quoi ce rythme ? C’est quoi cette fin ???
Mon dieu… savez-vous que lorsque les grecs allaient au théâtre regarder des tragédies, c’était pour purger leurs passions ?
Et bien les Visiteurs La Révolution, ce n’est pas une tragédie (enfin si, pour le cinéma français), mais c’est une purge. Et lorsque vous sortirez de ce supplice infernal, lorsque la purge sera achevée, tout ce que vous verrez autours vous semblera plus beau, plus agréable que ce film.
Les Visiteurs La Révolution est une purge.