Le deuxième film à part entière de Fellini et son premier chef-d’œuvre. Satire impitoyable mais sans une once de férocité de la société italienne provinciale des années cinquante avec la description de cette bande de cinq grands enfants, cinq « grands veaux » inutiles et feignant d’être blasés, en fait terrorisés par la vie et faisant tout pour qu’elle leur glisse entre les doigts sans risque de s’y brûler. L’interprétation dégage Franco Fabrizi dans une composition de lâche finalement repenti, Franco Interlenghi dans le rôle du plus jeune, le seul qui a finalement le courage de s’en aller (pour, suggère Georges Sadoul dans son Dictionnaire des films, devenir le journaliste de La Dolce Vita) et Alberto Sordi en gros bébé à sa maman, amoureux de sa sœur. Le film regorge de magnifiques morceaux de cinéma pur : le concours de miss du début, la fête du carnaval, les premiers moments de Fausto dans le magasin où il va devoir travailler pour faire face à ses nouvelles responsabilités, la rencontre avec le vieil histrion homosexuel qui semble échappé du Satiricon… Et tout s’accélère de façon vertigineuse dans le dernier quart d’heure qui mérite de figurer au panthéon du septième art tant il ne contient pas un plan inutile et pas un plan qui ne soit génial. La composition dramatique monte en émotion sans jamais verser dans le pathos jusqu’au dernier plan, un des plus beaux de toute l’histoire du cinéma sans doute, magnifique clin d’œil à Charlot, à ce cirque que Fellini aimait tant, à la vie, à l’humanité toute entière, en équilibre sur son petit fil et pourtant (et de ce fait) si bouleversante et captivante…
Maqroll
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le 11 juil. 2013

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