En soi, le sujet aurait pu être passionnant : montrer pour mieux la dénoncer l’orthodoxie de trois jeunes juifs dans un quartier de Bat Yam, dans la banlieue sud de Tel Aviv, qui se sont octroyé la latitude de faire régner l’ordre et de réprimer dans la violence ou la menace le moindre manquement aux préceptes de la Torah. Encore aurait-il fallu que Les Voisins de Dieu assume davantage de parti pris et ne se cantonne pas à mettre en scène, avec complaisance et des effets sonores douteux, des séquences d’une rare violence. Par amour, Avi, qui vit seul avec son père depuis le décès de sa mère, entreprend de s’interroger sur sa foi et sur les conséquences de ses actions. Le drame qui couve depuis le début, inexorable et stupide, a pour seul effet de le faire revenir à la case départ. Pire, d’y associer celle qu’il pense aimer, celle-là même qu’il harcelait pour ses tenues légères et irrespectueuses, celle-là même qui rentre dans le rang avec docilité. Si le film a probablement le mérite de nous exposer à une réalité peu glorieuse, qui vient en quelque sorte en contrechamp des comportements des grands frères musulmans tels que nous nous les représentons la majeure partie du temps : autoritaires et intrusifs, menaçants et violents, on est néanmoins terriblement gênés par son traitement outrancier. Il est difficile de clarifier le regard que porte le réalisateur Meni Yaesh sur ces trois forts en gueule, qui n’ont que le mot Dieu à la bouche, ânonnent des psaumes et des injonctions sans manifestement en saisir le sens, fument et trafiquent sans vergogne. Un film au final détestable qui calque son esthétique discutable sur les agissements de trois abrutis antipathiques.