Hommage au Vallenato

Vibrant hommage aux régions du nord de la Colombie et à leurs cultures, explorées à travers la quête d'un jilguero, accordéoniste ambulant et troubadour moderne, qui entreprend à la mort de sa femme un ultime voyage pour rapporter un accordéon auréolé de légendes à son ancien propriétaire et mentor. Il est suivi dans son voyage par un jeune musicien qui entame de son côté un rite initiatique. Ensemble ils vont traverser des paysages époustouflants, des plaines marécageuses du Magdalena, jusqu'au désert de La Guajira en passant par la Sierra Nevada de Santa Marta et interagir avec tous les peuples qu'ils rencontrent dans ces terres chargées d'histoires et de superstitions : métis rancheros, indigènes Wayuu et Arhuacos, afro-colombiens locuteurs du palenquero...

D'abord bourru et taciturne, le vieil homme va peu à peu offrir un dernier tour de piste à son curieux accordéon surmonté de deux cornes dont on dit qu'elles sont l'œuvre d'un duel avec diable ou d'une sorcellerie autochtone. Au rythme des étapes dans les villages, il se lancera dans une piqueria avec le champion local, véritable joute verbale aux accents dramatiques, avant de se présenter à un concours de vallenato pour tenter de gagner quelques sous, puis d'accompagner deux hommes qui s'affronteront dans un duel à mort. Le tout chargé de sorcellerie, de superstitions chrétiennes et créoles, de rites afro-colombiens et indigènes, de bravoure, où l'accordéon et le chant accompagnent ici la vie et la mort.

Les Voyages du vent offre aussi quelques scènes très touchantes, comme celle où le vieux troubadour semble reconnaître parmi la foule la mère d'un jeune enfant avant de monter sur scène et de changer son programme pour entamer à la consternation de tous une berceuse enfantine. C'est un film de peu de mots où un regard et une attitude en disent souvent très long. Pour la photographie seulement et certains plans larges ce film mériterait amplement un 9. Pour la poésie qu'il véhicule il mérite bien un 8.