Arroseurs arrosés.

La tragédie des Yes Men, c'est d'avoir cru à leur bonne idée. Entendons-nous : leur idée EST bonne, mais ils découvrent toujours à leurs dépends que la réalité est beaucoup plus délirante que toutes les fictions qu'ils peuvent imaginer. Présentez-vous en costume doré avec un pénis géant devant les membres du WTO et on vous demande votre carte de visite pour faire du consulting dans le management.

Les Yes Men peuvent tout et rien à la fois : ils révèlent que le monde est aveugle à sa propre insanité. Nul ne peut entendre le cri du bon sens (ici poussé à l'absurde), le monde n'y est plus sensible. Il n'a pas les outils sensoriels pour ça. Et tel Sisyphe les Yes Men sont condamnés à pousser un rocher toujours plus lourd qui retombera inévitablement en bas de la pente du capital.

Leur tour de force est de ne pas perdre leur enthousiasme. Mais en dehors de ça ils démontrent contre leur volonté l'aspect hyd(r)eux du capitalisme et de la politique privée contemporains. Frappez une tête, huit autres repoussent, riant plus fort que la précédente.

On apprendra au moins que les moyens conventionnels de critique et de contestation n'ont aucun effet sur ce système, et que la démocratie, au regard des Yes Men, n'est qu'une technologie de domination comme une autre.