Mettre 9 à Wall-E ça me fait bizarre, mais quand je clique sur 8 je ressens comme un sentiment d'injustice. Les plus scrupuleux me pardonneront cet accès de générosité.
Wall-E, je le vois comme un Sisyphe. Un Sisyphe parfait : il pousse inexorablement son rocher jusqu'en haut de la pente, même si celui-ci retombe à chaque fois. Chaque jour, Wall-E répète les gestes inutiles et sans fin que les hommes lui ont ordonné de faire.
La beauté du film est que même un être déterminé comme Wall-E finit par introduire une variation, minimale mais esthétique (sa collection) dans son univers a priori vide. Ce simple geste, qui renvoie peut-être à l'idée d'un espoir ou d'une passion, est comme la première marche vers l'accession de ce petit robot à une humanité que l'humanité elle-même a oubliée.
Wall-E, à travers son aventure, devient une sorte de fenêtre sur un monde perdu, pour ceux qui l'ont abandonné pour sa gaver de junk-food dans l'espace. Et il me semble que ce qui lui permet d'être une telle fenêtre, c'est qu'il porte en lui la réalité de l'art. La scène de la danse dans l'espace est à ce niveau révélatrice. Ce que Wall-E transmet spontanément, c'est la mise en perspective des expériences par le biais de l'art et de l'esthétique (l'expérience réfléchie des formes). Que ce soit dans son attitude naïve et gentille ou dans sa volonté de toujours voir le beau et la vie partout, Wall-E agit comme un diffuseur de prise de conscience qui ressemble beaucoup à une expérience que peut livrer une oeuvre d'art qui interpelle.
Wall-E est comme une sorte de messie revêtant un masque de clown. Là où il passe, le monde change, et il finit par donner la possibilité d'un monde nouveau.
J'ai surinterprété le film ? Déformation professionnelle...
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.