"Frère Jacques" version Epic

On ne va pas mentir, on n'est pas là ni pour le jeu d'acteur ni pour le scénario. Enfin si, d'une certaine façon. C'est surjoué juste ce qu'il faut et l'histoire est délicieusement grotesque. C'est un goût qui s'acquiert plus que des qualités intrinsèques du métrage.
Dans une région de France au paysage aride comme on n'en trouve qu'en Espagne --mais avec des magazines ad hoc comme Salut les copains ou un journal titrant sur la guerre d'Algérie--, un vagabond se retrouve homme à tout faire pour le compte de 3 sœurs: une est paraplégique, l'autre a une prothèse à la main droite et la dernière est nymphomane. Si le film tourne autour de ça dans un premier temps avec un triangle sexuel puisque Paul Naschy est visiblement irrésistible --souligné par une formidable contre-plongée lorsqu'il est torse nu en train de couper du bois--, dans un deuxième surgit un assassin qui tue des femmes pour leur prendre leurs yeux. Qui et pourquoi seront les questions qui accompagneront le spectateur jusqu'au final sur l'air de "Frère Jacques" mais en épique.
Si l'intrigue comporte des faiblesses, jamais le film est plat à regarder. Le réalisateur adore jouer avec les perspectives et la profondeur de champ, ce que de très beaux décors naturels lui permettent de faire. Certes, ça tourne un peu un gimmick mais c'est très bien fait, notamment grâce à une lumière toujours maîtrisée.
Le réel bémol est la scène d'égorgement du cochon en gros plan avec sang fumant, avec cris à l'appui. J'avoue n'avoir pas regardé mais ça m'avait l'air réel et je suis philosophiquement opposé au gonzo.
Avec des meurtres qui deviennent de plus en plus sanglants au fur et à mesure du film et une composition de l'image travaillée, ce film se regarde avec plaisir tant qu'on est réceptif au genre FantaTerror de l'époque, même si ici il n'y a pas la dimension fantastique.