En 1969, les Beatles préparent un nouvel album, nommé à l'origine Get Back, mais la particularité est qu'il sera crée en un mois, avec une équipe technique les filmant en permanence. On va suivre durant 80 minutes le groupe au travail, avoir quelques dissensions, on sent que des divisions commencent à poindre entre les membres, pour finir sur le concert improvisé sur le toit d'Apple Corp sur fond de Get Back.
J'étais curieux de voir ce documentaire, destiné à l'origine pour la télévision, car il montrait, parait-il, une image sulfureuse des Beatles, au point que ceux-ci en interdiront la diffusion au début des années 1980. De ce fait, excepté quelques copies pirates, Let it be sera clairement enterré, jusqu'à la réalisation en 2021 par Peter Jackson du documentaire Get Back qui montrait un autre visage de ces sessions d'enregistrement, et finalement, le temps gomme les rancœurs, par la diffusion de la version de 1970 sur Disney + en 2024. Dans une copie neuve supervisée par Jackson, mais le réalisateur Michael Lindsay-Hogg (qui a beaucoup travaillé pour les Beatles et les Stones) a validé le tout en veillant à la présence du grain à l'image. Au final, même si ça reste passionnant pour voir comment se crée la musique, on les voit tâtonner, chercher, réfléchir, c'est bien moins sulfureux que ce qu'on en disait ; comme toute création, et de manière plus large dans un travail en groupe, tout ne marche pas forcément sur des roulettes, il y a parfois quelques prises de bec, John Lennon qui semble agacé par la présence constante de caméras, Paul McCartney qui semble prendre le leadership, Ringo Starr parait absent, George Harrison qui montre une certaine impatience... Bref, rien de fou, sauf qu'on écoute leur musique, toujours aussi formidable, et qui procure encore des frissons, notamment lors du final improvisé, avec des passants qui semblent étonnés du vacarme au-dessus de leurs têtes.
Si le groupe se séparera l'année suivante, l'album Let it be sera non seulement une magnifique conclusion, mais le documentaire est comme une sorte d'épitaphe sur un groupe hors du commun, et comme on l'a vu avec le carton de Now & then en 2023, fascine encore et toujours.