Je n'avais jamais entendu parler de près ou de loin de Let's Scare Jessica to Death pas plus que de son réalisateur John D. Hancock avant de lire quelque part que le film était l'un des préféré de Stephen KIng. Comme le bonhomme s'y connait un petit peu dans le domaine de l'horreur et du frisson je me suis lancé dans Let's Scare Jessica to Death malgré son affiche bien kitsch qui est loin de vendre du rêve et du frisson.
Let's Scare Jessica to Death est un film qui démarre et s'appuie sur une trame assez classique puisque l'on va suivre un couple qui vient s'installer dans une maison de campagne avec un lourd passé et paumée sur une île avec d'étranges villageois autour. Un changement de cap pour ce couple de citadins de New-York et plus encore pour Jessica qui sort d'un séjour en hôpital psychiatrique.
Toutes proportions gardées ,Let's Scare Jessica to Death est une très bonne surprise qui distille une douce angoisse tel un poison jusqu'à son final plutôt flippant et carrément inquiétant. Dès les premiers instants du film il y-a un je ne sais quoi d'étrange et de décalé qui s'installe avec ce couple qui roule en corbillard, cette jeune femme fragile qui fait des calques de pierres tombales et cette maison qui abrite une présence finalement bien banale. Car dès leur installation le couple va tomber sur une femme qui squatte leur maison en la croyant vide et abandonnée, dans un esprit très hippies et seventies le couple décide d'héberger la jeune femme parce qu'elle est simplement sympathique. Le passé de la maison, cette jeune femme dont le charme ne laisse pas son mari insensible, les peu chaleureux habitants de l'ile qui portent tous d'étranges blessures tout semble pousser Jessica à replonger vers la folie. Et c'est bien dans cette incertitude sur la santé mentale de son héroïne et donc des événements que le film tire une bonne partie de sa force en s'appuyant sur la jolie performance de la comédienne Zohra Lambert dont la fragilité à fleur de peau semble pouvoir la faire basculer à chaque instant. Let's Scare Jessica to Death n'est pas un film très nerveux et ressemble parfois à une douce berceuse pour nous entrainer vers un délicieux cauchemar , John D Hancock signe toutefois un film soigné avec quelques très jolie moments comme le prologue avec cette barque baignant dans la brume. Le film est imprégné par une formidable bande originale de Orville Stoeber qui alterne de très belles partitions mélancoliques de guitare ou de piano avec des morceaux étranges au sonorité bizarres et vraiment angoissantes qui en font en tout cas l'un des principaux moteur de la tension horrifique du film . Sans être démonstratif le film va crescendo dans une horreur psychologique proche des premiers films de Polanski jusqu'à son dernier acte durant lequel une simple présence anodine devient moteur de terreur.
Let's Scare Jessica to Death est une jolie petite surprise , ce film qui ne paye pas de mine perdu dans les limbes du cinéma de genre ne mérite sans doute pas de se retrouver d'un seul coup porter aux nues; mais il mérite grandement de ne pas être totalement oublier dans la masse d'innombrables productions insipides jusqu'à s'y noyer et disparaître.