L'autre film
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Un Mekas comme abattu, entre insomnie, misanthropie, ébriété et sénilité. Dès lors, et malgré l'ennui narratif et le degré de repousse visuelle et sonore qu'assurément Letter From Greenpoint procure, il y a quelque chose de touchant qui persiste chez ce vieux bonhomme qui a vécu trop longtemps et qui est difficile de renier, une mélancolie indescriptible qui transparaît particulièrement dans ses derniers films, après les années 90 qui ont vu tant de ses ami·e·s mourir.
La grande différence, c'est qu'à l'époque, en 16mm, il réagissait à son environnement avec sa caméra, choisissant entre ralenti, accéléré et image par image dès la prise de vue, selon l’événement, y apposant ensuite des mots sur la table de montage, tard dans la nuit, des mois voire des années plus tard. Alors qu'en vidéo, Mekas attend que quelque chose arrive dans le plan qu'il garde méticuleusement long, et finit par produire de lui même l'action qui ne vient pas. Avec le son direct et le prix ridicule de la minute filmée en DVCAM, le commentaire et le montage sont comme fait en direct, selon une connexion différente avec le réel, plus spontanée, différente des autres types de film, des journaux filmés avec la Bolex. Avec le caméscope, Mekas est passé d'un cinéma de réaction à un cinéma d'attente de l'action.
Du reste, comme l'impression ici d'un cauchemar tantôt joyeux tantôt triste et très picolé de Mekas qui m'a fait me demander quelle folie se serait emparé du cinéaste s'il avait eu à subir les confinements Covid et quel film aliéné cela aurait-il produit. Heureusement, il a évité tout ça.
2,5.
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Créée
le 23 avr. 2022
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