Chose n'est pas coutume, c'est critique va débuter avec un coup de gueule.
A une époque qui me parait bien lointaine maintenant, j'avais un cinéma " art et essai" , les 400 coups pour ne pas le nommer, qui prenait certains risques dans leurs grilles de diffusion.
Grâce à ce petit cinéma qui ne paie pas de mine et avec leur fauteuil d'un autre siècle, j'y ai découvert nombre de long métrage d'animation que Gaumont ne déniait pas vouloir passer.
C'est dans ce lieu-ci que j'ai découvert , les yeux émerveillés, le premier long métrage d' Hiroyuki Okiura " Jin Roh".
Une oeuvre brutale, sombre et désenchantée dont la fin me marque encore des dizaines d'années plus tard.
Or depuis, les choses ont bien changées.
Préférant investir dans une toute nouvelle salle 3D et choisissant de la rentabiliser le mieux possible, la grille est devenue plus anodine et les risques moins assumé ( enfin pour une partie des films). Et si un genre en a patie, c'est bien le cinéma d'animation japonais.
ça fait maintenant des années que ça dure (seul le dernier Miyasaki fait l’exception) mais ça m'énerve au plus au point.
Lettre à Momo est un film qui aurait mérité une sortie cinéma, en VOST .
Y a tellement de mauvais films qui sortent chaque semaine, je me demandes encore comment on peut passer consciemment à côté d'une telle pépite.
J'aime le cinéma mais j'en ai un peu marre que les films n'aient pas les mêmes chances.
Ce film est une vraie bouffée d'air. Drôle , touchant voire émouvant, il est emprunt d'une poésie toute japonaise.
Forcement, on pense à "Totoro" ( Plus par sa structure narrative que par l'atmosphère ou même le charac design) mais le réalisateur a su y insuffler une vraie marque de fabrique.
Son monde est moins iddylique , ses créature plus néfastes, moins charmantes ( on est loin du trop mignon choupinou Totoro) , bourrées de défauts et à première vue , pas forcément sympathique.
Techniquement , le film est digne des productions IG. C'est limpide, détaillé et magnifique.
Même les quelques apports 3D passent très bien, c'est dire l'excellence du film.
Tout ce microcosme et cette atmosphère rend le film d' Hiroyuki Okiura plus "adulte" et aussi plus mélancolique ( malgré un humour bien présent ).
Les couleurs y sont plus ternes ( une choses qu'on retrouve dans Jin Roh mais aussi chez un de ses "maitres" Mamoru Oshii ), moins chatoyantes.
Pour son deuxième long métrage, le réalisateur de Jin Roh fait un virage un 180° en nous proposant un hommage assumé à l'univers de Miyasaki.
Si l'hommage n'est pas forcement aussi fort que l'original , il n'en reste pas moins un film poignant et drôle à la fois, sublime techniquement et narrativement irréprochable.
A ne pas louper et à partager en famille.