Lettre à Momo
7
Lettre à Momo

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Okiura (2010)

C'est ce qu'on appelle un changement de registre

Réalisateur du génial Jin-Roh en 1999, Hiroyuki Okiura s'était fait plutôt discret depuis. Il faut dire que le mec est animateur de métier, ce qui ne le destine pas tellement à briller sous les projecteurs... Dans les années 2000, le Japonais a notamment travaillé sur Blood : the Last Vampire, Metropolis, Ghost in the Shell 2 et Paprika. Que du lourd. Pour ce qui est de Momo, le projet a mis sept ans à éclore, dont deux pour l'écriture du scénario par Okiura himself. Il s'agit d'ailleurs de son premier scénar, puisque le très sombre Jin-Roh avait été pondu par Mamoru Oshii à l'époque.


Sorti en 2011 au Japon, Lettre à Momo déboule en ce moment sur nos écrans. Pas quoi sauter au plafond à la lecture de l'histoire : une mère célibataire déménage sur une petite île avec son adolescente de fille, cette dernière découvre un bouquin sur les yôkai - démons de la mythologie japonaise, le célèbre kappa en fait partie - et fait la connaissance de trois d'entre eux. Voilà. Les péripéties s'enchaînent avec plaisir, sans grosse surprise mais enserrées dans un bel écrin graphique (très jolis décors 2D, plans 3D intégrés avec finesse) et musical (chouettes mélodies de Mina Kubota, rappelant parfois Joe Hisaishi).


Le truc, c'est qu'Okiura a un secret : il sait insuffler la vie à ses personnages. Peu importe qu'ils soient dessinés avec une relative simplicité, il suffit de rendre chacun de leurs mouvements crédibles et de les animer avec soin, sans négliger tous ces petits rituels ou mimiques du quotidien. Evidemment, des dialogues réalistes et un doublage de qualité - en version française c'est le cas - apportent un supplément d'âme. Enfin, il s'agit de trouver le bon équilibre entre humour (les innombrables gaffes des trois yôkai) et l'émotion (les relations familiales, la mélancolie de Momo). Comme dans Les Enfants Loups de Hosoda, mission accomplie, alors même que le film est a priori destiné aux jeunes enfants... Chapeau. Les violons s'appesantissent peut-être un peu trop sur la fin mais bon, quand on a survécu à la conclusion du Retour du Roi, c'est peanuts.


Après la SF noire de Jin-Roh, Hiroyuki Okiura nous livre avec Lettre à Momo une fable fantastique tendre et burlesque. Je me demande de quoi parlera son troisième film... Peut-être de samouraïs ? J'espère le découvrir avant 2023...

Créée

le 15 sept. 2013

Critique lue 1.5K fois

28 j'aime

Arthur Bayon

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

28

D'autres avis sur Lettre à Momo

Lettre à Momo
Silence
9

Miyazakeries Contemporaines [9.0]

A letter to momo. Bon je réécris une vraie critique... Momo et sa mère arrivent en ferry quittant Tokyo pour s'installer sur l’île de Ôsakishimo dans l’archipelle méridionale, terre natale de la mère...

le 31 mai 2013

28 j'aime

9

Lettre à Momo
Alex-La-Biche
8

Allô Momo Bobo

Si l'on connaît Hiroyuki Okiura aujourd'hui, c'est pour son conte froid, cauchemardesque et remue-méninges Jin-Roh, la Brigade des Loups. Ce n'est que près de quinze ans plus tard, qu'on retrouve...

le 25 déc. 2014

16 j'aime

6

Lettre à Momo
Stephane_Hob_Ga
8

Lettre à mon cinéma

Chose n'est pas coutume, c'est critique va débuter avec un coup de gueule. A une époque qui me parait bien lointaine maintenant, j'avais un cinéma " art et essai" , les 400 coups pour ne pas le...

le 9 mars 2014

11 j'aime

Du même critique

Les Enfants loups, Ame & Yuki
VaultBoy
9

Vous n'avez pas, monsieur Miyazaki, le monopole du coeur

En deux films - La Traversée du Temps et Summer Wars -, Mamoru Hosoda a prouvé qu'il pouvait secouer le monde de la japanime grand public largement dominé par les productions Ghibli. Deux longs...

le 29 août 2012

133 j'aime

23

Maus : L'Intégrale
VaultBoy
10

Au chat et à la souris

Grand Prix de la ville d'Angoulême cette année, Art Spiegelman est surtout connu pour son Maus, récompensé en 1992 par le seul premier prix Pulitzer jamais accordé à une bande dessinée. Si je me...

le 10 avr. 2011

126 j'aime

3

Stoker
VaultBoy
8

Vampires, vous avez dit vampires ?

Premier film en anglais du génial Park Chan-wook, Stoker avait de multiples raisons de se planter : script écrit par Wentworth Miller de Prison Break (!), possible perte de liberté du réalisateur...

le 6 mai 2013

96 j'aime

11