Ceux qui me connaissent seront certainement surpris du fait que j’ai adoré ce film malgré ses connotations religieuses et ses défauts. C’est en effet un film tout-à-fait surprenant particulièrement à notre époque.
Il reprend le dispositif du théâtre classique :
- l’histoire se déroule dans un seul lieu, le presbytère d’un vieux pasteur aveugle ;
- le récit repose sur trois personnages, Leila graciée d’une condamnation à perpétuité pour meurtre, le Père Jacob qui veut sauver les autres malgré eux et le facteur qui symbolise le non-pardon de la société ;
- l’intrigue se noue par l’attitude butée de Leila, qui lit avec réticences les lettres de fidèles demandant toujours la même chose (des demandes d'intercession [14’55]), et se dénoue quand elle lit l’une de sa sœur [1h04] après avoir confessé sa propre histoire en faisant semblant de lire la lettre qu’elle n’a pas envoyée [58’39] ;
- le temps semble être aboli ou être bouclé entre deux images parallèles, quand le Père Jacob accueille Leila [05’40] et quand elle découvre son corps mort [1h06].
Le pasteur meurt en silence après avoir accompli sa mission singulière [38’27]. On devine alors la manipulation qu’il a orchestrée pour que Leila lise les lettres de sa sœur.
La mise en scène, la musique extradiégétique et les silences créent une ambiance paisible en rupture avec l’agitation bruyante et bavarde des films d’aujourd’hui. Le jeu de Kaarina Hazard est d’un naturel exceptionnel en rupture là aussi avec celui des actrices et acteurs qui pratiquent aujourd’hui l’outrance jusqu’à la nausée.
J’ajoute, après discussion avec ma compagne, que le film montre que le meurtre a rompu le cercle vicieux de la maltraitance, celle de la mère envers ses filles et celle des hommes envers la sœur Leila.
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